Samedi 15 janvier après-midi, se tenait à l'Espace Pierre Cardin à Paris la troisième édition de la conférence TEDx Paris. Au menu : une vingtaine d'interventions sur la société, le monde, l'innovation, avec des sujets aussi variés que l'Internet des objets, l'origine de l'univers, le violon baryton, l'innovation, nouvelle frontière du développement durable, ou encore le télétravail.
Des conférences qui se tiennent depuis 25 ans aux Etats-Unis, mais déclinées à l'envi depuis peu. On trouve désormais les conférences TED (acronyme de Technology, entertainment, design) Active, TED Global, TEDx, TEDx Women... Et donc TEDx Paris, cette année sponsorisée entre autres par Canal +, SFR, la Faber Novel et Dassault Systèmes, et coordonnée par Michel Lévy-Provencal, ex-responsable du pôle R&D de France 24, qui vient de créer Joshfire, agence spécialisée dans l'«Internet des objets».
Le concept : des conférenciers, chercheurs, philosophes et créateurs d'entreprises, viennent partager l'état de leurs réflexions - « toujours très positives, suivant des principes finalement très américains », relève Jean-Noël Lafargue dans ce billet empreint d'un peu de mauvais esprit - ou pour certains parler de leur entreprise.
Durant quatre heures donc, les « speakers » se sont succédés sur la scène de ce qui ressemblait à un élégant théâtre devant une salle bondée. Les blogueurs et journalistes étaient dans une salle à l'étage pour une diffusion en simulcast, avec une ambiance très café-théâtre, entre petites tables et tentures rouges. Entretemps, le journaliste David Abiker assure les transitions, entre résumés et bons mots. La pause d'une heure, tout comme le cocktail qui s'ensuit, deviennent une immense session de networking dans une salle de réception.
Parcours individuels
Parmi les interventions les plus remarquées, le parcours incroyable de Eric Brun-Sanglard, ancien créatif publicitaire chez Scentseal installé dans la Silicon Valley, devenu designer d'intérieur en vogue, avec une sensibilité particulière... après avoir perdu la vue brutalement. Maintenant, le designer-star a son émission hebdomadaire, Designing Blind. Mais aussi, logique, Rafi Haladjian, qui après l'aventure Violet et ses lapins Nabaztag, veut créer une plateforme pour les objets communicants avec Sen.se. Ou encore la neurobiologiste Catherine Vidal qui nous démontre de manière très scientifique que les cerveaux n'ont pas de sexe.
Mais aussi Francine Leca, première chirurgienne cardiaque en France, à l'origine de l'association Mécénat Chirurgie Cardiaque, Nicole Turbé-Suetens, 16 ans de « boîte » chez IBM, à l'origine du cabinet de conseil sur les nouvelles organisations du travail Distance Expert, qui croit en l'avenir du télétravail à temps partiel, pour « mettre fin aux souffrances au travail »
Consécration des keynotes
Qu'est-ce que l'on en retire finalement ?
Les TEDx consacrent le concept de keynotes, qu'ils ont installées, avant même Steve Jobs. L'idée : chaque intervenant a 18 minutes chrono pour faire son speech, avec, si possible, un art de la mise en scène, du slogan, un côté vaguement humaniste et positif. Outre le propos des conférenciers, TED a installé cette forme très marketée : des conférences courtes, efficaces, qui repose sur des slides et des slogans percutants, où l'intervenant tient la scène arborant un micro-casque. Le public peut réagir, s'émouvoir, mais ne pourra pas poser de question - aucune séquence n'est prévue pour cela.
Un format à mille lieues des colloques universitaires, peut-être une déclinaison moderne des Académies européennes des XVII et XVIIIe siècles, mais dont le format court se prête ici à des reprises sur Internet - une des clés du succès des TEDx.
Il est d'ailleurs significatif que Steve Jobs ait adopté ce format - qui a donné lieu à un livre de management. Tout comme Xavier Niel, en décembre dernier, fondateur de Free (groupe Illiad) pour la présentation à la presse de sa Freebox v6.