La création publicitaire a son fanzine:Pop Corn,comme une explosion d'idées folles, d'images léchées, de mots aiguisés. «Un cabinet de curiosités en version papier», décrit Jean-Loup Seuret, ex-directeur artistique et auteur de bandes dessinées. Avec le créatif et photographe Pierre-Arnaud Gillet et l'agent de photographes Guillaume Derville, il forme le trio fondateur du magazine.
Leur idée de départ: créer un espace de liberté créative à destination des artistes, qu'ils soient créatifs publicitaires, graphistes, illustrateurs ou photographes. Ce magazine gratuit et semestriel fonctionne dès lors comme une galerie virtuelle dont le but est de promouvoir le travail de ces artistes. Au fil des pages, on découvre ainsi une série du photographe James Reynolds, les dessins de Cheyenne Schiavone ou les textes de Guillaume Gamain, directeur de création chez Dufresne Corrigan Scarlett.
«Beaucoup de "pubards" savent faire des choses extrêmement intéressantes hors agence. Photo, peinture, illustration, graphisme, mode, tennis ou spaghetti, la pub mène à tout, à condition d'arriver à en sortir de temps en temps ou de façon permanente», estime Pierre-Arnaud Gillet.
Pari créatif… et financier
Les créateurs de Pop Corn sont en effet persuadés que la publicité a tout à gagner à sortir de ses cadres. Que c'est même ainsi qu'elle se nourrit et se revigore. «De 2000 à 2004, la création, au sens premier du terme, est vraiment passée au second plan dans la publicité. Aujourd'hui, ce n'est malheureusement plus ce que viennent chercher les annonceurs dans les agences», constate Pierre-Arnaud Gillet.
«Pop Corn, c'est un magazine participatif qui a la nostalgie d'une publicité heureuse et créative», confirme Guillaume Derville. Un support qui offre une visibilité à des talents émergents. Comme une carte de visite brouillonne mais vivante, derrière laquelle se cache un «pari financier» assumé par Guillaume Derville. Le magazine est en effet distribué gratuitement à 5 000 exemplaires dans les agences de publicité parisiennes. Mais est également présent chez Colette, Artazart, La Blanchisserie, la librairie Ofr ou encore au Bus Palladium. Un site et une newsletter hebdomadaire complètent le dispositif.
Le second numéro, sorti le 5 janvier, parle du vice, après un premier consacré à la mort. Un «brief client» fictif dirige chaque nouveau cahier d'exercices créatifs. À chaque fois, un directeur de création se fait aussi juge pour sélectionner la création la plus réussie. Après Olivier Apers, directeur de création chez BETC Euro RSCG dans le premier opus, c'est au tour de Gilles Fichteberg, codirecteur de la création de CLM BBDO, de donner son avis sur la sélection de productions traitant du vice.
Le troisième numéro de Pop Corn est attendu pour juin, mais son thème est déjà trouvé: Dieu sous toutes ses formes, de Zeus à Jimy Hendrix. Ne reste plus qu'à trouver le directeur de création-chef d'orchestre. Avis aux amateurs…