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Depuis le début de son mandat, Jean-Luc Hees, président de Radio France, s’est penché avec intérêt sur le sort de la station jeune du groupe. Une motivation qui provient notamment des particularités du Mouv’.

Dans les étages de la Maison de la radio à Paris, Yassine Belattar, nouveau présentateur emblématique de la matinale du Mouv', sort du bureau de Jean-Luc Hees qui le raccompagne en souriant. Pour la station jeune de Radio France, le patron a les yeux de Chimène: il la couve comme si c'était son bébé, dit-on dans la Maison Ronde.

Pourquoi Le Mouv' suscite-t-il autant d'intérêt présidentiel? Depuis l'arrivée de Jean-Luc Hees à la tête de Radio France en 2009, la station est passée d'un format de flux musical identique à celui des radios jeunes privées à une grille innovante et proche d'une généraliste, que certains n'hésitent pas à qualifier de «France Inter des jeunes». «Une radio de flux musical n'a pas d'avenir pour nous, d'autant que ce segment se rétrécit et qu'il ne répond pas entièrement à la mission du service public, souligne Jean-Luc Hees. On peut établir une sorte de filiation entre Le Mouv' et France Inter. Il y a de l'espace pour cette expérience-là. Plus on est exigeant sur l'information, plus on donne de sens aux contenus, mieux cela fonctionne sur le service public.»

Selon les derniers sondages, le Mouv' ne réunit que 0,7% de part d'audience pour environ 300 000 auditeurs. L'objectif annoncé est de doubler l'audience d'ici à 2014. Symbole de l'intérêt porté au Mouv', une journaliste de la radio transférée cet été de Toulouse à Paris était à la une du dernier numéro de Texto, le magazine interne de Radio France.

Laboratoire radiophonique

Le président à la voix de crooner voue à la radio au logo orange et noir un attachement fondé sur un constat sociétal. «Il me semble difficile d'observer passivement une jeunesse désabusée, confrontée au chômage et absente des rendez-vous électoraux, alors que l'on dispose d'un outil formidable comme le Mouv' pour créer un lien avec ces auditeurs», s'enthousiasme-t-il. À cet effet, l'ancien correspondant de France Inter à Washington mise sur l'information et la culture en cette saison 2010-2011. Il a ainsi demandé à trois anciens d'Inter, Frédéric Bonnaud, Philippe Dana et Éric Lange, de rejoindre Le Mouv'. Pointure de la radio généraliste, le producteur Frédéric Bonnaud a eu pour mission d'élaborer un programme quotidien sur la culture.

«Jean-Luc Hees aime cet exercice car, pour un homme de radio, cela a un côté excitant de renouveler entièrement une station, explique-t-il. Il a trouvé un excellent allié en la personne d'Hervé Riesen [directeur du Mouv']. Si Jean-Luc réussit, il aura la fierté d'avoir revitalisé le Mouv' et d'avoir amené à Radio France des auditeurs qui n'écoutaient pas ses stations. Le Mouv' est aussi un laboratoire radiophonique, par lequel on peut se montrer audacieux.»

Car cette radio jeune n'est pas une station comme les autres. Elle a été créée en 1997 par le président de Radio France de l'époque, Michel Boyon, devenu depuis président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Jean-Luc Hees se souvient précisément d'une de leurs rencontres. «J'ai invité Michel Boyon à déjeuner le 4 septembre 2009 et je lui ai parlé du Mouv', raconte-t-il. J'ai évoqué la fin d'enfance délicate de la radio et ma volonté d'en faire un bel adolescent. Il m'a encouragé dans cette voie.» Enfin, pour remédier au déficit de notoriété de la station, Jean-Luc Hees réfléchit en ce moment à une campagne de communication d'ampleur destinée à recruter des auditeurs. «J'aimerais faire appel à des parrains, des gens auxquels on ne pense pas forcément», explique-t-il.

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