Le directeur général de L'Équipe, François Morinière, justifie sa une du samedi 19 juin qui révélait les propos tenus la veille par Nicolas Alnelka à son entraîneur lors de la mi-temps du match France-Mexique.
Votre une a donné aux propos insultants d'Anelka une ampleur incroyable. C'était voulu?
François Morinière. Je n'éprouve ni fierté ni honte. Notre boulot est de révéler des informations, d'investiguer. Il faut arrêter d'être hypocrite. Depuis le début de la Coupe du monde, on nous dit que le groupe va bien, que l'équipe est en construction… En fait, ce n'est pas vrai. Le système est au bord de l'implosion et pas forcément du fait des joueurs. On a juste fait notre boulot. Non pas avec des traitres, mais avec des sources.
Que répondez-vous quand on vous compare à un tabloïd anglais?
F.M. Ce n'est pas mon modèle de presse, ni une pratique habituelle. On ne va pas changer. Ce n'est pas facile de mettre des mots d'insulte en couverture. Mais c'était tellement énorme… C'est une position courageuse. Nous avons pris le risque de choquer en restituant des mots sans mettre trois petits points. Les gamins entendent des trucs tout aussi orduriers… En tout cas, on n'a pas titré ainsi pour vendre plus: le tirage du samedi, de 550 000 exemplaires, est calé le mercredi pour intégrer L'Équipe mag.
Ne craignez-vous pas pour l'image du journal sur le plan publicitaire?
F.M. Les annonceurs veulent un journal qui a de l'audience et qui prend position, qui se mouille. L'eau tiède ne les intéresse pas. D'ailleurs, je n'ai pas reçu un coup de fil d'annonceur.
Si la France avait vaincu le Mexique, vous auriez fait la même une?
F.M. (silence). Je pense que oui. C'est tellement grave… Mais Domenech n'aurait sans doute pas eu la même attitude en cas de victoire et Anelka aurait dû faire ses valises. Le vendredi soir, il y avait des discussions pour qu'il présente ses excuses. Il ne l'a pas fait…
