SUPPLÉMENT RÉGIONS

Les Jeux olympiques de Paris 2024 ont mis en lumière de nombreuses villes françaises. Mais au-delà de l’effet d’annonce, quel est le bilan réel pour ces territoires ? Si Paris et sa région ont indéniablement profité de l’événement, les retombées sont plus nuancées pour les autres villes hôtes.

Paris 2024 profitera-t-il à d’autres villes que Paris ? C’était l’un des enjeux du Comité d’organisation : faire partager les Jeux en dehors de la capitale et de sa périphérie. Dix sites olympiques ont été choisis sur l’ensemble du territoire, y compris d’outre-mer(1), et le parcours de la flamme olympique devait amplifier cette mobilisation et cet impact sur les territoires. L’effet recherché en priorité n’était pas économique. « D’un point de vue géographique, notamment du marketing territorial, c’est bien un effet vitrine qui est recherché, en mettant le focus sur un territoire, un pays, une ville », précise Stéphane Merle, docteur en géographie, dans son étude « Les Jeux olympiques de Paris 2024 et leurs effets territoriaux »(2). Mais cet impact en termes d’image est difficile à mesurer.

Des effets positifs certains

Les premières mesures des retombées – essentiellement économiques – sont en train d’être réalisées. Sans surprise, les Jeux olympiques vont profiter principalement à Paris et à l’Île-de-France, entre 6,7 et 11,1 milliards d’euros, dont 2,7 milliards liés au tourisme, selon le premier bilan publié fin août par le ministère des Sports. Et pour les neuf villes hôtes d’épreuves olympiques hors de la région capitale ? « L’impact économique est déjà visible et concret sur l’ensemble du territoire, avec lors de la quinzaine olympique une augmentation de 16 % en moyenne des nuitées sur l’ensemble des villes hôtes », indique cette première analyse du ministère. « La fréquentation des musées et des restaurants ainsi que la consommation dans les bars ont, par exemple, progressé de 25 % en moyenne à Paris, triplé à Saint-Étienne et doublé à Lille », complète ce document.

« Les JO de Paris 2024 ont incontestablement eu un impact positif sur les villes hôtes, mais le bilan est toutefois à nuancer selon les villes », déclare Vanguelis Panayotis, président du cabinet MKG Consulting qui a réalisé en août 2024 une analyse comparative des principaux indicateurs de l’hébergement professionnel pendant les Jeux, mais aussi sur la période avant/après. « Les villes hôtes de province ont […] remarquablement bien tiré leur épingle du jeu, particulièrement celles accueillant des épreuves hors football », résume cette analyse. Par rapport au mois de juillet habituellement faible, Châteauroux et Lille ont multiplié leur chiffre d’affaires hôtelier par quatre, tandis que pour Aix-Marseille la progression est de 50 %. Les deux premiers ont vu leur taux d’occupation hôtelier progresser de 30 % et le prix moyen de la chambre s’est envolé respectivement de 150 % et 120 % ! À l’autre bout du spectre, Bordeaux et Nice ont vu leur taux d’occupation baisser (respectivement de 1,6 % et 0,4 %) et n’ont sauvé la période des Jeux qu’en augmentant le prix des chambres (11-12 %). À Marseille, le taux d’occupation a progressé de 8 % et le prix moyen de 32 %. Un score plus modeste qui s’explique, selon Vanguelis Panayotis, par l’importance du tourisme estival habituel dans la Cité phocéenne.

Des retombées moins importantes que prévu

L’intérêt de l’étude de MKG est qu’elle porte sur l’ensemble des sites hôtes (hors Polynésie pour laquelle il manquait des données fiables). Mais elle est limitée à l’impact sur l’hôtellerie. Le cabinet d’audit financier Approbans a réalisé une étude qui mesure l’ensemble des retombées économiques (hôtellerie, restauration et autres activités touristiques) pour le territoire de Marseille. Cette étude confirme les résultats de MKG : les retombées d’hébergement ont été bien moins importantes qu’estimées initialement (lire le détail des résultats dans l’encadré ci-dessous).

À Châteauroux, seule ville qui a aussi accueilli des épreuves paralympiques en région, les élus de la Métropole se réjouissent de l’impact de Paris 2024 sur le territoire de cette collectivité de 72 000 habitants. « Il y a eu un vrai effet JO pour Châteauroux et son territoire qui ont enregistré 119 % de touristes de plus par rapport à la même période de 2023 », se félicite Tony Imbert, vice-président de Châteauroux Métropole délégué au tourisme. La part des visiteurs étrangers a progressé de 25 %, ajoute-t-il. « Les JO vont avoir un impact pérenne pour Châteauroux », pronostique-t-il en citant l’organisation de prochaines épreuves de tir sportif de niveau mondial dans le centre national dédié. Un impact durable dont semble douter Stéphane Merle : « La faiblesse des infrastructures et l’isolement géographique – aussi bien à échelle nationale que locale – […] limitent les effets de l’événement, y compris pour l’animation locale », estime-t-il dans son étude (rédigée avant les Jeux). « Châteauroux a prouvé que des communes modestes pouvaient faire de grandes choses grâce à l’impulsion d’un élu et d’une équipe », se réjouit toutefois Tony Imbert. Ce n’est pas le président de la Métropole, Gil Avérous, nommé depuis ministre des Sports dans le gouvernement Barnier, qui le contredira…

Impact économique des JO : Marseille à la loupe

L’impact global des Jeux à Marseille et ses environs, hors arrivée de la flamme, est estimé à 161 millions d’euros, dont 72 millions dus aux visiteurs, selon une étude réalisée en septembre par Approbans. Une précédente étude du cabinet d’audit avant les JO avait évalué ces retombées à 179 millions d’euros. La différence résulte d’une affluence moins importante des fans de football (– 26 millions d’euros), en partie compensée par la venue plus importante de visiteurs sans billet (+ 5,3 millions d’euros). Ces derniers représentaient 45 % des personnes venues à Marseille à l’occasion de Paris 2024 ; 23 % sont venus pour le football, 16 % pour la voile et autant pour les autres activités. Les retombées d’hébergement ont été, elles, bien moins importantes qu’estimées initialement (– 39 millions d’euros) ; elles ont été partiellement compensées par des recettes de restauration plus importantes (+ 16 millions d’euros). L’impact supplémentaire de l’arrivée de la flamme olympique est lui estimé à 18 millions d’euros.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.

Lire aussi :