[Tribune] Après avoir réussi l’exploit de dépasser le Ghana et le Nigeria, la Côte d’Ivoire creuse l’écart et confirme son statut de pays le plus riche d’Afrique de l’Ouest continentale. Une performance qui est le résultat de nombreuses réformes et d’une politique active de diversification.
Selon la Banque mondiale, la Côte d’Ivoire affichait un PIB par habitant de 2 579 dollars début 2022, devançant ainsi le Ghana et le Nigeria dont la richesse par habitant s’établissait à 2 445 dollars et 2 085 dollars, respectivement. En creusant l’écart par rapport à l’année précédente, la Côte d’Ivoire consolide sa position de pays le plus riche d’Afrique de l’Ouest, hors Cap-Vert.
Cette évolution constitue une grande performance pour la Côte d’Ivoire, dont les richesses naturelles non renouvelables sont très modestes en comparaison avec celles du Ghana et du Nigeria. Cette importante progression résulte de la très forte croissance que connaît le pays depuis plusieurs années. Sur la période 2012-2021, il a réalisé la plus forte croissance au monde dans la catégorie des pays ayant un PIB par habitant supérieur ou égal à 1 000 dollars, avec une croissance annuelle de 7,1 % en moyenne. Cette forte croissance de l’économie ivoirienne s’est accompagnée d’un bon contrôle de l’inflation (1,3 % en moyenne annuelle sur la décennie 2012-2021) et d’une maîtrise de l’endettement, avec un niveau de dette publique s’établissant à seulement 52,1% du PIB début 2022, selon le FMI.
Les résultats de la Côte d’Ivoire s’expliquent par les profondes réformes administratives, juridiques et fiscales réalisées afin d’améliorer le climat des affaires et ainsi attirer les investisseurs. Le pays a ainsi fait un bond considérable dans le classement international relatif au climat des affaires, publié par la Banque mondiale, en passant de la 167e à la 110e place entre 2012 et 2020. Bien que moins bien classé que le Maroc (53e) ou l’Afrique du Sud (84e), la Côte d’Ivoire fait largement mieux que le Nigeria (131e), l’Angola (177e) ou encore l’Éthiopie (159e).
La Chine, premier partenaire commercial
Ces réformes se sont accompagnées de la réalisation de grands travaux à travers le pays (routes, ponts, réseaux de télécommunications…) ainsi que d’une politique active de diversification des sources de revenus, en s’appuyant notamment sur le développement du secteur agricole. Déjà premier producteur mondial de cacao, le pays s’est hissé au premier rang mondial pour la production de noix de cajou, et au premier rang africain (et quatrième mondial) pour le caoutchouc naturel, dont il assure désormais près de 80% de la production continentale.
En parallèle, la Côte d'Ivoire a porté une attention particulière à la transformation locale de la production, à l’origine d’une valeur ajoutée plus importante et d’une industrialisation progressive du pays (qui vient, par ailleurs, de commencer à assembler ses premiers ordinateurs et minibus). La production d’électricité a aussi été un des domaines prioritaires au cours de la dernière décennie, avec pour résultat une hausse de deux tiers de la production nationale, permettant au pays de disposer du troisième plus grand système de production électrique en Afrique, selon la Banque mondiale, et d’exporter vers huit pays de la région.
La diversification de l’économie s’est aussi accompagnée de celle des partenaires économiques, la Chine étant même désormais le premier partenaire commercial, avec 8,9 % du commerce extérieur de biens en 2020. La France n’arrive qu’en troisième position (7,7%), devancée par le Nigeria (8,7%, essentiellement des hydrocarbures). Enfin, la diversification de l’économie ivoirienne devrait également se renforcer avec le développement attendu du secteur touristique, encore embryonnaire.
La Côte d’Ivoire peut donc se féliciter d’être parvenue à atteindre ce niveau de développement économique, et d’être aujourd’hui l’économie la plus dynamique du continent et ce, avant de devenir un important producteur de pétrole. La récente découverte d’un gisement majeur au large de ses côtes devrait permettre au pays de faire partie prochainement des principaux producteurs de pétrole d’Afrique subsaharienne, avec un niveau de production comparable à ceux, actuels, du Ghana et du Gabon. Une manne qui, espérons-le, n'entravera pas la poursuite des réformes et des efforts de diversification et d’industrialisation du pays.