En France, de nombreuses lignes ferroviaires ont été délaissées voire abandonnées dans certaines zones rurales. De nouveaux acteurs cherchent à en relancer le trafic. Parmi eux, Ecotrain se veut une solution économique et écologique. Philippe Bourguignon, son concepteur, nous présente un projet qui devrait voir le jour en Occitanie.
Comment définiriez-vous le projet Ecotrain ?
Philippe Bourguignon : C’est un projet systémique, cela signifie qu’il ne se focalise pas sur un seul point comme la mobilité. Nous avons la volonté d’englober le plus de secteurs possibles au sein du territoire : mobilité, énergie, emploi… Nous cherchons à démontrer que le transport par voie ferrée est moins cher pour la collectivité que le transport routier, et bien sûr plus écologique.
Ce genre de projet est-il plus compliqué à mettre en place dans des régions ou les lignes de train ont été délaissées ?
Non ça ne pose pas de problème, l’important est qu’il existe toujours la plateforme, l’emprise de la voie au sol. La principale difficulté est en réalité de changer les mentalités : beaucoup de gens, notamment les personnes plus âgées, sont persuadés que le transport ferroviaire est un moyen de locomotion du passé.
Les composants de votre navette sont-ils tous fabriqués en France ?
Une grande partie, notamment la cabine, les sièges ou encore le châssis mais au vu du manque de savoir-faire en France dans certains domaines techniques, il est impossible de fabriquer ce genre d’engin sans aller chercher des composants électroniques notamment en Chine.
La mise en circulation est estimée à courant 2024. Avec les nombreuses crises actuelles, est-ce toujours d’actualité ?
En 2024, nous n’en serons pas à l’exploitation commerciale, en revanche le premier prototype devrait avoir vu le jour. Nous avons surtout été ralentis par les processus de financement des régions et de l’État. Dans ce domaine le temps politique est un temps beaucoup plus long que le temps industriel.
Comment développe-t-on un projet comme le vôtre face un mastodonte comme la SNCF ?
En réalité nous réinvestissons des voies abandonnées par la SNCF. De plus lorsque l’on rajoute des trains sur ces lignes, nous ramenons des clients à la SNCF en permettant à certains usagers de se rapprocher d’une autre ligne. Ce n’est donc pas vraiment de la concurrence mais plus un système gagnant-gagnant.
L’Ecotrain a-t-il vocation à rester un projet régional ou pourrait-il se développer et devenir à terme un projet national ?
J’ai même des contacts avec le Maroc, l’Argentine, l’Italie, l’Allemagne et la Belgique qui devrait être le premier pays à développer l’Ecotrain. Il existe dans d’autres pays un intérêt plus grand qu’en France. En Allemagne et en Belgique, la maturité, la conscience écologique des élus et des habitants sont bien plus avancés. J’ai été appelé par le directeur d’Infrabel (équivalent belge de SNCF Réseau) et je suis depuis en contact très régulier avec eux.