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Le géant asiatique, qui vient de franchir la barre du milliard d'internautes grâce au smartphone, a présenté un projet de réglementation visant à encadrer le recours aux algorithmes.

La Chine, qui a dépassé pour la première fois la barre du milliard d'internautes, a rendu public vendredi 27 août un projet de réglementation visant à encadrer plus strictement le recours aux algorithmes par les géants du numérique, dans un contexte de reprise en main du secteur par Pékin.

Outils très utilisés par les mastodontes du secteur pour assurer leur succès, les algorithmes sont au cœur de l'économie numérique et servent de cerveau à bon nombre d'applications et services sur internet.

Ils permettent notamment d'analyser les quantités d'informations récoltées sur un utilisateur et de lui faire des recommandations automatiques en fonction de ses habitudes ou préférences.

Pékin s'inquiète du manque de transparence des géants de la tech vis-à-vis de cette pratique. Les autorités cherchent ainsi ces dernières semaines à davantage encadrer les algorithmes.

Désactivation des algorithmes de recommandation

En vertu d'une nouvelle réglementation, les entreprises du numérique devront permettre à leurs utilisateurs de « désactiver » les algorithmes de recommandation. Ces derniers ne pourront « pas être utilisés » pour « déterminer des prix basés sur des préférences et des habitudes », précise le texte publié vendredi par l'Administration chinoise du cyberespace (CAC).

Cette pratique jugée « déraisonnable » par Pékin est courante notamment dans le tourisme, où des applications de réservation de billets proposent des tarifs différents pour un même produit ou service en fonction du degré de fidélité d'un utilisateur.

La réglementation interdit par ailleurs le recours aux recommandations d'algorithmes pour les mineurs, afin de prévenir toute « addiction à internet ».

Les algorithmes sont abondamment utilisés par les plateformes vidéo de divertissement, comme Douyin (version chinoise de TikTok), une application très consultée par les jeunes Chinois. Ces nouvelles directives sont soumises à commentaires pendant un mois.

 

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L'entrée en vigueur potentielle de la réglementation n'est pas précisée. Les autorités chinoises se montrent ces derniers mois particulièrement intransigeantes contre les géants du numérique, pour des pratiques jusque-là tolérées et largement répandues.

Plusieurs mastodontes du secteur ont ainsi été épinglés en matière notamment de données personnelles, de concurrence et de droits des utilisateurs. Pékin a depuis étendu sa campagne de « rectification » à d'autres secteurs dont les très lucratifs cours de soutien privés ou la livraison de repas.

La Chine a adopté la semaine dernière une grande loi pour empêcher les collectes abusives de données personnelles en ligne par les géants du numérique.

Usage du smartphone

Forte de son milliard d'internautes, la Chine voit l'usage du smartphone continuer de se développer rapidement avec la numérisation des services et l'essor des infrastructures, selon une étude publiée vendredi.

Un grand nombre de tâches peuvent être réalisées à distance dans le pays (paiement des factures de gaz et d'électricité, livraison de repas et médicaments, achats en ligne, consultations médicales...).

La Chine a gagné 21,75 millions d'internautes supplémentaires en six mois - soit deux fois la population de la Belgique -  selon un rapport du Centre chinois d'information sur l'internet (CNNIC), un organisme officiel. Le pays compte désormais 1,011 milliard de personnes connectées, d'après le dernier pointage réalisé en juin.

Le CNNIC explique cette hausse par l'amélioration des infrastructures (antennes relais, réseaux), l'apparition de nouveaux services en ligne (service public, éducation) ou encore la meilleure logistique dans les petites villes et les campagnes, qui permet de développer l'e-commerce. Le taux de couverture d'internet à l'échelle nationale est de 71,6% - et de 59,2% en zone rurale.

Contrôle renforcé

La Chine surveille étroitement son internet pour en expurger tout contenu jugé sensible, comme les appels à renverser le gouvernement, les critiques trop frontales contre les politiques nationales ou encore la pornographie. Elle impose également aux sites et réseaux sociaux d'avoir leurs propres censeurs pour réaliser cette tâche en amont.

Le contrôle s'est renforcé ces dernières années sous la direction du président Xi Jinping, qui prône un renforcement croissant de l'idéologie socialiste et de la moralité au sein de la société.

Plusieurs sites étrangers sont par ailleurs bloqués en Chine, comme Facebook, Google, Instagram, Whatsapp, Gmail, YouTube ou encore de nombreux médias.

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