Dossier Retail
Le numéro un français du bio en ligne, Greenweez, a dépassé les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020. Son fondateur, Romain Roy, revient sur les changements apportés par cette année particulière.

Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ?

Romain Roy. Nous avons réalisé 60 % de croissance en 2020, plus que nos 40 % à 50 % habituels. Les consommateurs se tournent davantage vers le bio en temps de crise et ont adopté l’achat en ligne notamment en alimentaire, un des derniers secteurs sur lesquels l’e-commerce était encore faible. Étant au croisement de ces deux phénomènes, nous en avons bénéficié, bien que nous ayons dû limiter le nombre de commandes sur le site en raison du vent de panique des premiers jours de confinement.

 

Quelles leçons tirez-vous de cette période exceptionnelle ?

Outre le fait que le taux de pénétration de l'e-commerce dans l’alimentaire reste plus élevé qu’avant la crise, on note un regain d’appétence pour les produits locaux en circuits courts. Nous avons lancé une place de marché sur notre site pour permettre à de petits fournisseurs bio de proposer leurs produits. La crise a aussi montré la nécessité de réconcilier bio et pouvoir d’achat. Nous avons donc créé notre marque propre et la catégorie « produits engagés », avec des prix négociés.

 

Depuis 2016, vous faites partie du groupe Carrefour. Quels sont les avantages de ce rapprochement ?

Carrefour souhaitait renforcer sa présence sur le bio à la fois en grandes surfaces et en enseignes spécialisées. Il a encore accéléré depuis avec le rachat de l’enseigne Bio C’Bon, le programme Act for Food… Pour nous, c’était la possibilité de financer notre politique de croissance externe en Europe et de bénéficier des fonctions transverses, juridique, fiscalité… Nous avons créé un entrepôt dédié au frais, Greenweez Fresh, et signé un partenariat avec la solution de marketplace Mirakl. Nous maîtrisons la logistique et ne distribuons pas les produits Carrefour sur notre site, car l’écosystème du bio ne le comprendrait pas. Pour autant, nous ne sommes pas dans un discours caricatural sur la grande distribution. Penser que seule la distribution spécialisée va résoudre le défi de la transition alimentaire n’est pas réaliste.

 

Vous venez de vous déclarer société à mission. Comment concevez-vous vos engagements sociétaux ?

On se considère engagés mais pas parfaits. On ne se pose pas en donneur de leçons, on entend proposer des alternatives. Le projet même de Greenweez est un engagement, celui de démocratiser l’accès à une alimentation plus saine, mettre l’épanouissement des salariés au coeur de notre modèle, optimiser au maximum notre activité par rapport aux objectifs RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Par exemple, nous travaillons avec Chronopost, le transporteur le plus engagé sur les véhicules électriques, même si cela coûte plus cher. Le fait de devenir société à mission implique d’inscrire ces objectifs dans nos statuts, avec un comité de suivi et un contrôle externe.

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