Les initiatives RSE et celles consacrées au bien-être au travail sont-elles une forme de luxe, à reléguer au second plan en temps de crise ? Alors que l’économie se contracte une nouvelle fois suite aux effets du reconfinement et de la crise du Covid-19, et que de nombreux secteurs d’activité tournent encore au ralenti, faut-il mettre de côté ces investissements souvent coûteux pour se concentrer sur des politiques d’entreprise plus rationnelles en attendant que passe la tempête ?
De nombreux indicateurs semblent indiquer le contraire. Le mouvement B Corp, par exemple, qui récompense par une certification les entreprises les plus responsables de la planète selon plus de 200 critères, n’a jamais été aussi populaire : 3 000 entreprises sont désormais labellisées dans le monde, dont 600 en Europe et une centaine en France. Malgré l’incertitude ambiante, des milliers d’entre elles se plient volontairement à cet audit extrêmement rigoureux, qui questionne en profondeur les pratiques environnementales, sociétales, financières ainsi que la gestion des ressources humaines des sociétés candidates.
Partout en France, les entreprises de toute taille affichent leurs politiques de ressources humaines innovantes, leur engagement pour plus de solidarité, de parité et de diversité, ou encore leurs initiatives environnementales. A l’aune de la crise, plus que jamais, cet engagement doit aller au-delà de simples opérations de marketing, de marketing du recrutement ou de greenwashing.
L’engagement comme outil de résilience
Toutes celles et ceux qui ont réellement mis l’engagement au cœur de leurs politiques savent que ces mesures sont en fait un formidable outil de résilience à la crise actuelle, et à toutes les crises à venir. Prenons l’exemple, très actuel, du télétravail : les entreprises qui, depuis longtemps, l’avaient banalisé et intégré à leur processus pour tout ou une partie de leur force salariale ont naturellement pris le pli de sa généralisation depuis le mois de mars, tandis que les entreprises les plus réfractaires à sa pratique ont été obligées de rattraper leur retard, avec les difficultés que l’on connaît.
Il en va de même de la réduction du temps de travail (semaine de 4 jours, journée de 5 heures). Les études semblent indiquer que ces modes de fonctionnement apporteraient des réponses concrètes à l’épidémie de stress et à la crise de l’engagement salarié que connaissent de nombreuses entreprises dans le monde, et ce, sans entamer leur productivité.
Pénalités économiques contrebalancées
Nous traversons en parallèle de la crise sanitaire actuelle une crise écologique sans précédent : réchauffement climatique, extinction des espèces, déforestation, artificialisation des sols. Face à des consommateurs et salariés de plus en plus vigilants et exigeants, et à des limites physiques et environnementales bien réelles, quelles entreprises se préparent le mieux à l’avenir ? Celles qui s’accrochent à leurs mauvaises pratiques jusqu’à ce que la loi et les États ne viennent inévitablement initier le changement, ou celle qui choisissent d’aller au-devant des régulations et décident dès maintenant de réaliser un difficile travail d’introspection environnemental, en réalisant par exemple un bilan carbone indépendant en vue d’améliorer ses processus de production, ou en choisissant de s’alimenter d’énergie réellement verte, nécessairement bien plus coûteuse ?
Si la réponse semble simple, de nombreuses entreprises sont encore freinées par une stratégie court-termiste, qui craint les lourds investissements que demandent ces initiatives. Pourtant, les pénalités économiques des premiers temps sont vite contrebalancées par une amélioration des performances financières notamment, et par une plus grande résilience face aux crises (économique, sanitaire ou environnementale). Travailler éthique, faire juste, permet donc de créer des entreprises plus saines, bien entendu, mais aussi plus compétitives, grâce à des consommateurs et des salarié.e.s plus engagé.e.s.