Dans une de ses séries d’été, Le Monde dissèque ce «mix de vacances et de travail» dont nous sommes tous témoins. J’espère que vous avez savouré vacances, tracances ou vatrail. Mais, comme on finit par s’y perdre un peu, je vous propose un cahier de tracances, pour faire le point sur ces dernières semaines au travail et en vacances. 

Aux Jeux olympiques, on nous avait promis galères, attentats et bactéries ; nous aurons eu la pluie certes, surtout de médailles, l’admiration du monde entier et la ferveur populaire. Trois sentiments feront date : une fierté d’être Français assez inédite, une redécouverte de Paris sous ses meilleurs jours, une attention aux handicaps et une valorisation des différences qui nous permettront de rattraper une part de notre retard en matière de perception et d’inclusion. Déçu en bien comme diraient nos voisins suisses. Et pas seulement en matière olympique. L’inflation freine, les taux seraient bientôt abaissés, 55% des entreprises du S&P 500 qui viennent de publier leurs comptes ont présenté des résultats au-delà de leurs prévisions. On ne respire pas encore totalement mais la crise semble moins proche ou certaine et la consommation américaine semble tirer le monde. 

Sur le plan international, Joe Biden a annoncé son retrait d’une course qui semblait perdue d’avance. Contre toute attente, le milieu des affaires et la tech avaient même pris parti pour Donald Trump. En quelques heures, Kamala Harris a renversé la situation et incarné un espoir rafraîchissant pour ceux qui ne se résignaient pas à retrouver le milliardaire incontrôlable en maître du monde. Et ni Beyoncé ni Taylor Swift ne sont encore entrées dans la danse… 

L’été n’a bien sûr pas souri à tout le monde. Deux astronautes qui devaient rester 8 jours dans l’espace y passeront finalement… 8 mois ! La faute à Boeing incapable de les ramener à bon port. La mission retour sera confiée au SpaceX d’Elon Musk. Difficile d’imaginer un passage de relais plus spectaculaire entre deux époques et deux modèles. Mais tout ne réussit pas à l’homme le plus riche du monde. Au Brésil, un juge de la Cour suprême a décidé d’interdire X. En France, au même moment, le fondateur de Telegram (service de messagerie utilisée par 900 millions d’utilisateurs, jusqu’à l’armée russe, le gouvernement français… et beaucoup de criminels) a été arrêté à son atterrissage. 96 heures de garde à vue pour une mise en accusation aussi implacable que critiquée. Le dirigeant de Proton déclare depuis la Suisse qu’elle est « un suicide économique de la France ». Les États et leurs juges se rebiffent. Il y aura un avant et un après. Jusqu’aux États-Unis, un juge a reconnu le géant de Mountain View coupable d’abus de monopole. Ce n’est que le début de ce choc des titans, le moment est historique. 

L’intelligence artificielle n’a pas pris de vacances

Elle tient ses promesses, c’est à souligner pour une technologie aussi récente. Selon une étude de la société Hubspot menée auprès de 1 062 professionnels aux États-Unis, 74% des responsables marketing déclarent avoir un retour sur investissement après avoir intégré l’IA générative dans leurs processus. Tant mieux, parce que les investissements sont à la mesure exponentielle de ces prouesses. On estime qu’il faudra désormais 100 milliards de dollars pour entraîner le prochain modèle en mesure de détrôner les ChatGPT, Claude et autre Mistral. Nvidia se frotte les mains mais ses investisseurs semblent toujours plus difficiles à satisfaire. Des usages évidents et efficaces émergent et d’autres imprévus nous étonnent : l’IA est désormais très utile pour les dépositions de police mais elle permet aussi de créer des avatars au Venezuela pour remplacer des journalistes inquiets de devoir prendre position, la patronne de Replika cherche même à nous convaincre que demain, ce sera acceptable d’épouser un chatbot. Cet été marque aussi la fin de l’hiver des véhicules autonomes. Les robotaxis tracent la route. Waymo assure désormais près de 6% des 200 000 trajets d’Uber à San Francisco, c’est le point d’inflexion de la fameuse courbe d’adoption en S qu’on attendait. 

Pour conclure sur le 7e art, après Barbie toute en rose l’année dernière, les femmes puissantes tiennent le haut de l’affiche. L’ovni Emilia Perez de Jacques Audiard ou Santosh la policière indienne sont les films de l’été. Après les Mousquetaires, le très attendu Comte de Monte Cristo tient ses promesses de «franchise Alexandre Dumas» pour incarner nos Avengers et le très inattendu Un p’tit truc en plus dépasse les 10 millions de spectateurs, une première en dix ans : deux autres preuves de cette réconciliation française et de cette aspiration à mieux vivre ensemble.

Pour finir, l’expression de l’été 2024 est une trouvaille de l’influenceuse transgenre Jools Lebron au sujet de son maquillage. Very demure, very mindful, pas facile à traduire, une féminité dans la retenue mais affirmée, consciente. C’est ce que je vous souhaite maintenant que vous savez presque tout sur cet été, une rentrée very demure, very mindful. 

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