Le Bazar de l’Hôtel de Ville parisien est-il un monument en péril ? Inquiète, l’intersyndicale a rencontré des élus jeudi 5 septembre. Des fournisseurs assurent ne plus être payés. Le nouveau propriétaire évoque des difficultés transitoires.

Le célèbre BHV connaît des difficultés depuis plusieurs années, aggravées par l’épidémie de Covid-19 et les confinements. Accès plus compliqué qu’auparavant en voiture, hésitations sur la clientèle cible et la bonne offre commerciale…

Son ancien propriétaire, les Galeries Lafayette, avait multiplié les refontes pour le relancer. Avant de le céder fin 2023 à une petite foncière lyonnaise, la Société des Grands Magasins (SGM), désireuse de « concentrer [ses] efforts humains et financiers sur [sa] marque coeur », expliquait-il mi-juin.

Situation « jamais connue auparavant »

Ce changement de propriétaire s’est accompagné de difficultés de paiement des fournisseurs, d’après plusieurs sources confirmant des informations de Mediapart, L’un de ces fournisseurs a assuré à l’AFP ne plus être payé, « ou sporadiquement ». Sa trésorerie est « exsangue » au point d’envisager « un dossier de déclaration de faillite ».

« Neuf mois après la reprise, les impayés continuent de s’accumuler et les marques menacent de se retirer. Une situation que nous n’avions jamais connue auparavant… », s’alarme la CGT sur son site internet. L’intersyndicale (CFDT, CFTC-CSFV, CFE-CGC, CGT, Sud-Solidaires) du grand magasin, qui emploie selon les représentants du personnel quelque 1 300 personnes sans compter les nombreux démonstrateurs, a été reçue à sa demande ce jeudi 5 septembre après-midi à la mairie de Paris, par une conseillère technique de Nicolas Bonnet-Oulaldj, adjoint en charge du commerce.

« L’objectif était d’échanger sur la situation du BHV et l’impact que pourrait avoir une fermeture sur le quartier », a expliqué à l’AFP cette intersyndicale à l’issue de cette réunion, déplorant l’absence de « vision transparente de la situation » économique de l’entreprise.

Le sénateur communiste Ian Brossat, qui a précisé à l’AFP préparer un vœu sur le sujet pour le prochain Conseil de Paris, était également présent.

Retrouver la rentabilité

Auprès de l’AFP, le nouveau propriétaire de l’enseigne Frédéric Merlin s’est étonné du timing de cette rencontre, alors qu’un comité d’entreprise (CSEC) du BHV doit se tenir le 13 septembre. Le trentenaire a assuré que le grand magasin « perdait 15 millions d’euros par an depuis de nombreuses années », mais que « le maximum est fait actuellement pour que son activité soit rentable » rapidement.

Quant aux difficultés rencontrées par des fournisseurs, elles sont selon la direction dues à des problèmes transitoires, notamment des outils de gestion des factures du magasin, entraînant « des délais de paiement allongés (avec un maximum de 45 jours) pour certaines factures ». La direction du SGM assure en outre que « le BHV ne connaît de problèmes de livraison que pour moins d’une dizaine de fournisseurs sur 1 000 ».

La conseillère technique du cabinet de Nicolas Bonnet-Oulaldj, qui a préféré garder l’anonymat, a indiqué jeudi prévoir de contacter la SGM ainsi que les Galeries Lafayette « pour les recevoir » et partager « les risques qu’une fermeture engendrerait pour le quartier » de l’Hôtel de Ville. La SGM, qui s’est spécialisée dans la réhabilitation des actifs commerciaux de centre-ville en perte de vitesse, exploite une trentaine de sites en France.

Fin 2021, elle avait déjà racheté aux Galeries Lafayette sept magasins de région, à Angers, Dijon, Grenoble, Le Mans, Limoges, Orléans et Reims. Quant au groupe Galeries Lafayette, il avait indiqué en août à Mediapart faire « confiance au groupe SGM pour trouver les solutions nécessaires » aux « difficultés actuelles » dans l’exploitation du BHV.

 

Lire aussi :