«Alain Delon, le bon goût de France». Décédé le 18 août dernier à l’âge de 88 ans à Douchy, l’acteur laisse derrière lui des campagnes mythiques dont le souvenir reste intact.
Il fut un temps où c’était LE souvenir à se faire ramener du Cambodge. Le paquet, à l’élégant cartonnage carmin et ivoire, portait l’estampille d’initiales qui se passaient de mot : AD. Quand l’emphysème devient glamour : « Alain Delon, le bon goût de France ». Dans le slogan des cigarettes vendues en Asie en partenariat avec British American Tobacco, on entr’aperçoit, entre les volutes, les contours d’un monde englouti. Tout comme dans les publicités pour les parfums d’Alain, odes à une certaine virilité, chaîne en or sur moquette pectorale et main leste - aujourd’hui, on parlerait de masculinité toxique. Laissez-vous porter par le lyrisme sans chichi de l’accroche pour le parfum Le Temps d’Aimer : « J’ai rêvé à une femme à mon odeur parfumée, et j’ai créé Le Temps d’Aimer, une odeur chaude et douce comme une présence ». Moite, tout comme la photo de la pub, montrant Delon, tenant fermement la tête d’une demoiselle contre son torse nu. Plus chic, Dior reprend depuis 2009 l’image de l’acteur, notamment dans le sexyssime film « La Piscine », pour Eau Sauvage. Nous permettrez-vous de parler, au sujet de l’acteur mythique de Melville, Visconti et Antonioni, de Guépard du marketing, de Samouraï de la diversification produit ? Si la société Alain Delon International Distribution ne commercialise plus de cigarettes ni de parfums, elle continuerait à vendre, surtout en Asie, des articles de prêt-à-porter du champagne ou encore des bijoux Alain Delon. « Si je n’avais pas été acteur, confessait Delon, j’aurais aimé être un Bernard Arnault, un Bolloré, un Dassault, quelqu’un dont on ne parle pas comme ça, tout le temps. »
