Il en reste encore pour qui ça marche, cette vieille ficelle ? Se servir de ses enfants, de leur soi-disant consommation médias, de leur passion imaginaire pour la tech, pour appuyer ses propos en surjouant le daron dépassé ?

Il y a une poignée de jours, Ted Sarandos commettait l’irréparable. « Mon fils est monteur. Il a 28 ans et il a regardé Lawrence d’Arabie sur son téléphone », racontait sans rire, le 28 mai dernier, le CEO de Netflix. Anecdote touchante mêlée de fierté parentale ? Pas tout à fait. L’histoire du fiston qui regarde des classiques à grand spectacle sur son Nokia est censée constituer LA preuve définitive que les films n’ont plus besoin des salles de cinéma. Avec son « Tanguy » de 28 ans un peu neuneu en guise d’argument massue.

Il en reste encore pour qui ça marche, cette vieille ficelle ? Ce jeu de bonneteau sentimental, cette piteuse tentative de chiner la connivence ? Se servir de ses « kids », de leur soi-disant consommation médias (« Ma fille de 14 ans ne s’informe plus que sur TikTok ! »), de leur passion imaginaire pour la tech (« Mon gamin de 12 ans passe ses soirées sur ChatGPT ! »), pour appuyer ses propos en surjouant le daron dépassé, navrée de vous l’annoncer, mais c’est « old » - comme le dit peut-être votre mondialisée progéniture. En vrai, la chair de votre chair, elle dirait même que c’est « cringe », que c’est « gênant ». On s’en contre-cogne de vos lardons, on s’en tamponne le coquillard de vos moutards. « Malheur à la terre dont le roi est un enfant », écrivait l’Ecclésiaste, au 9e siècle avant notre ère. Malaise pour ceux qui, tout farauds, cèdent à ce frelaté effet de manche : passer de l’enfant-roi à l’enfant ROI.

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