Le JDD, préférant une attaque frontale contre Christophe Deloire plutôt qu'un hommage à Alexeï Navalny, a à coeur de défendre les intérêts de Bolloré plutôt que l'information.
Avouons-le, on aurait cru il y a un an à une blague, enfin à une fausse une du Journal du dimanche. Mais non, c’est bien Christophe Deloire, directeur général de RSF, qui fait ce matin-là la couverture du quotidien du septième jour sous le titre « Pourquoi ils veulent mettre fin à la liberté d’expression ». Que la mort en prison d’une véritable victime de cette liberté, Alexeï Navalny, soit survenue le vendredi 16 février, n’a pas ébranlé le directeur de la rédaction du titre Geoffroy Lejeune : une maigre photo, sans article, était consacrée à fin tragique du plus célèbre des opposants à Poutine. Mais Le JDD, comme on ne l’appelle plus, a trouvé mieux : le plaidoyer pro domo en faveur de CNews, avec des articles signés Charlotte d’Ornellas, Mathieu Bock-Côté ou Christine Kelly, tous collaborateurs de la chaîne. Avantage du syllogisme, il permet de soumettre la conclusion de tout propos à son présupposé : CNews fait entendre ceux qu’on n’entend pas, donc CNews est pluraliste et ceux qui l’attaquent ne le sont pas. Donc RSF est contre la liberté d’expression. Peu importent les arguments du Conseil d’État considérant qu’un manquement aux obligations de pluralisme peut être constaté, en interne, au regard de l’ensemble des intervenants de la chaîne. Mais dans les médias de Bolloré, il est recommandé de défendre les intérêts du groupe, avant toute chose. Donc avant l’information.