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Le jeu français Life is Strange, connu pour son statut d’oeuvre politique, revient avec un nouvel opus mardi 29 octobre.

Près de 10 ans après l’épisode original, le studio Deck Nine Games offre à Life is Strange, jeu français pionnier dans la représentation des personnages LGBT+, une suite directe qui manque d’ambition mais revendique toujours son statut d’oeuvre politique. Si la série a connu plusieurs épisodes, Life is Strange : Double Exposure, qui sort mardi 29 octobre sur PC, Playstation 5 et Xbox Series, est le premier opus à continuer l’histoire entamée en 2015 par les Français de Don’t Nod.

Dans ce jeu narratif, on retrouve l’héroïne Max, devenue adulte et désormais dotée du pouvoir d’évoluer entre deux univers parallèles pour enquêter sur la mort d’une de ses amies. Le joueur peut influer sur le cours de l’histoire en fonction de ses choix et des personnages avec lesquels il interagit. Un difficile exercice d’équilibriste pour cette suite tant le premier Life is Strange, qui revendiquait plus de 20 millions de joueurs fin 2023, avait marqué les fans en leur offrant un choix final dramatique, aux conséquences diamétralement opposées. « Nous avons pris des risques en ramenant Max, un personnage autant apprécié, et en le revisitant », reconnaît auprès de l’AFP Jonathan Stauder, directeur de « Double Exposure » chez Deck Nine Games.

Jeu « politique »

Le studio américain a repris la série à partir du troisième épisode, « True Colours », sorti en 2021, alors que la marque appartient à l’éditeur Square Enix. Salué par la critique pour sa sensibilité et sa représentation crédible de personnages LGBT +, Life is Strange s’était fait un nom en 2015 en confrontant ses héroïnes adolescentes à des sujets difficiles comme le harcèlement et le suicide. Pour sa suite, « nous souhaitions évoquer des sujets plus sombres et plus profonds », affirme Felice Kuan, en charge de la narration du jeu.

Si ces thèmes sont toujours présents - « Double Exposure » propose d’ailleurs, chose rare, d’afficher des messages d’avertissement au joueur avant d’aborder des thématiques sensibles -, ils sont davantage évoqués qu’au centre de l’intrigue. Le jeu se boucle en une petite dizaine d’heures et compte une poignée de lieux à visiter sur le campus d’une petite université du Vermont (Etats-Unis). Pour autant, le titre revendique toujours son statut d’oeuvre politique, à une période où des réseaux sociaux comme X servent de caisse de résonance à des mouvements « anti-woke ».

« DEI (diversité, équité et inclusion) tue l’art », lançait ainsi le PDG de X, Elon Musk, le 19 octobre à propos des jeux vidéo, se faisant écho des accusations récurrentes de la frange la plus conservatrice des joueurs. Life is Strange « est politique, toute la série l’est », défend Felice Kuan. « Avoir des personnages homosexuels, parler de sujets controversés et de questions sociales, ça fait partie de la marque », abonde le directeur du jeu.

Un personnage manquant

Mais ce qui a provoqué la colère de certains fans de la saga, c’est la quasi-disparition de Chloé, comparse aux cheveux bleus du premier épisode avec laquelle le joueur pouvait nouer une relation amoureuse. « Je trouve dommage qu’elle ne soit plus présente », se désolait Amélie Nautre, 17 ans, venue tester le jeu en avant-première à la Paris Games Week (23-27 octobre). « Certains personnages ne sont pas respectés », regrettait-elle, « un peu déçue à l’idée de cette suite ».

« Je pense que nous n’aurions pas écrit les choses de la même manière », a admis Michel Koch, co-créateur du jeu original, sur X, « mais c’est inévitable avec des auteurs différents ». Il rappelle également avoir connu « son lot de toxicité » pour ne pas avoir réutilisé Max et Chloé dans « Life is Strange 2 », sorti en 2018. Les fans auront peut-être l’opportunité de les revoir sur petit écran puisqu’une série en prise de vues réelles, annoncée en 2022 mais sans date de sortie pour le moment, devrait être diffusée sur Amazon Prime Video.

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