Salesforce, le spécialiste des technologies de relation client, a annoncé mardi la plus grosse acquisition de son histoire: celle de la messagerie d'entreprise Slack, une opération qui devrait lui permettre d'entrer en compétition plus frontale avec Microsoft. La transaction, en numéraire et actions, valorise Slack à 27,7 milliards de dollars, selon un communiqué. «Nous sommes faits l'un pour l'autre» a déclaré ironiquement Marc Benioff, le PDG de Salesforce. «Ensemble, nous allons façonner le futur des logiciels d'entreprises et transformer la façon de travailler dans le monde du tout numérique et du travail depuis n'importe où».
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Marc Benioff a fondé Salesforce il y a plus de vingt ans et en a fait une référence de la gestion de relation client pour les entreprises, et aussi un monument de San Francisco, la tour Salesforce étant le plus haut gratte-ciel de la ville aux portes de la Silicon Valley. Slack, de son côté, propose une plateforme d'outils pour collaborer plus facilement en ligne sur des projets entre collègues et équipes. L'entreprise cotée depuis juin 2019 connaît ces derniers mois une forte croissance avec la montée en flèche du télétravail. Ce rachat est le moyen pour Salesforce de rester dans la course face à Microsoft, qui domine avec Amazon, le cloud mondial. Les services numériques pour les sociétés (Microsoft Azure, Office 365 et la messagerie Teams) ont aussi le vent en poupe du fait de la pandémie. «Malgré la compétition ardue de Microsoft, Slack est clairement un succès en termes de pénétration du marché», a noté l'analyste Dan Ives de Wedbush. «Si Salesforce veut s'étendre au-delà de sa mine d'or des départements de ventes et marketing des entreprises, c'était maintenant ou jamais. C'est un véritable coup de semonce pour Microsoft».
D'autres rachats en vue
En 2019, le groupe de Marc Benioff avait déjà acquis Tableau Software, une entreprise spécialisée dans l'analyse de mégadonnées (big data), pour une valeur de 15,7 milliards de dollars. Et ce n'est pas fini, selon l'analyste Patrick Moorhead. «Salesforce cherche maintenant à concurrencer Microsoft sur un nouveau terrain, celui de la collaboration en ligne. Cela ne va pas être facile et cela pourrait nécessiter des investissements supplémentaires dans la vidéo et la productivité individuelle». Slack a fait valoir une hausse de son chiffre d'affaires de 49% sur un an pour les mois de mai, juin et juillet, à 216 millions de dollars, et a nettement réduit ses pertes à seulement 68 millions. Le groupe, qui revendique quelques 130 000 clients payants, était stable mardi lors des échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse.