Le nouveau plan de communication nationale «Peux-tu le faire?» a été lancé le 16 septembre. Bon élève, le centre de recrutement de Bordeaux est l’un des seuls à surpasser ses objectifs, grâce à des actions locales.
Treillis militaire sur le dos et fusil à la main, le mannequin de la vitrine du Centre d’information et de recrutement des forces armées (Cirfa) de Bordeaux attire les curieux. « C’est un moyen d’inciter les jeunes à pousser la porte », explique le capitaine Davy Marniquet, responsable du site. Le militaire compte aussi sur la nouvelle campagne de communication nationale pour que les futures recrues passent le perron. Lancée le 16 septembre dernier, l’opération « Peux-tu le faire ? », imaginée par l’agence Dentsu et gérée par Wellcom, a pour ambition de « donner l’idée de nous rejoindre », affirme le général Arnaud Goujon, sous-directeur du pôle recrutement de l’armée de terre.
Objectif national pour l’un des plus grands recruteurs de France : 16 000 soldats par an, dont des « cerveaux » ultra-diplômés pour alimenter le domaine cyber. L’État a investi 15 millions d’euros dans une campagne déployée jusqu’en 2028, composée de trois spots publicitaires assez classiques, « mettant en avant l’aventure et le défi au quotidien », explique le général Goujon.
La proximité pour convaincre
Il y a bien une nouveauté dans cette salve d’enrôlement : la mise en place d’actions de proximité pour convaincre les jeunes « directement chez eux ». Une méthode qu’applique déjà le Cirfa de Bordeaux. Pour le lancement de « Peux-tu le faire ? », le principal pôle de recrutement de Nouvelle-Aquitaine s’est installé au cœur de la ville, place de la Victoire, pour « faire connaître l’institution ». Un événement de relations publics qui, autour d’un parcours sportif, a suscité un très fort intérêt. Du 4 octobre au 6 octobre, près de 300 jeunes dits « recrutables » ont donné leurs coordonnées. Alors que l’objectif annuel du centre est d’enrôler près de 400 soldats, ces chiffres sont prometteurs. Le capitaine Marniquet, aux manettes du centre depuis un an, martèle sa méthode : « Des rencontres jeunes/soldats et l’installation de permanences dans les patelins. » Résultat en 2023 : 105 % de l’objectif atteint !
Malgré l’engouement du groupe de recrutement bordelais quant à la nouvelle campagne nationale, le tutoiement présent dans le slogan met quelque peu mal à l’aise le capitaine. « C’est une volonté de défi, ça plaît aux jeunes », soutient son supérieur, le général Arnaud Goujon. Les méthodes de l’institution restent « un peu vieux jeu et ont du mal à se mettre à jour », avoue un autre gradé qui estime que la campagne « manque d’un volet réseaux sociaux ». Le capitaine Marniquet défend pourtant le compte Instagram du Cirfa, créé il y a seulement deux mois, même s’il lui préfère « de bonnes vieilles affiches chez le boulanger ». Se mettre à la page, un enjeu de souveraineté nationale : même si le Cirfa de Bordeaux a surpassé ses objectifs de recrutement en 2023, c’est loin d’être le cas à l’échelle nationale. Pour la première fois depuis dix ans, l’armée de terre n’a pas réussi à atteindre son objectif de 16 000 nouveaux soldats : 2 500 manquaient à l’appel. Cette nouvelle campagne de communication suffira-t-elle ?