Le tribunal de commerce de Toulouse a approuvé la reprise de la société de sondages française BVA, affaiblie par la crise sanitaire, par le fonds de dette Alcentra (filiale de l'américain BNY Mellon), mais le parquet général a fait appel de la décision.
«Nous sommes extrêmement satisfaits. Notre offre était la meilleure sur tous les critères de choix. Cela va permettre au groupe de reprendre sa stratégie de croissance», a déclaré à l'AFP Nicolas Besson, le directeur exécutif d'Alcentra European Direct Lending, en début d'après-midi. L'objectif, précise le dirigeant, est de procéder à «la réunion des activités américaines et européennes du groupe, pour garantir l'intégrité du groupe et la pérennité à long terme».
Mardi 15 septembre dans la soirée, le procureur général près la cour d'appel de Toulouse Franck Rastoul a fait appel de la décision. «Le parquet général interjette appel afin que la Cour analyse et évalue les offres de reprise en présence, au regard de leurs conséquences immédiates ainsi qu'à long terme, en particulier s'agissant de la situation des salariés de l'entreprise ainsi que des enjeux économiques et autres attachés à la société BVA», dit le communiqué adressé à l'AFP.
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L'appel étant suspensif, c'est la chambre commerciale de la cour d'appel de Toulouse qui devra statuer. Vendredi, le directeur général du Groupe BVA Pascal Gaudin accusait Alcentra, créancier de BVA, d'avoir empêché BVA d'obtenir un Prêt garanti par l'État (PGE), d'avoir forcé le groupe français à se «mettre en redressement judiciaire» et de s'être approprié en juillet la filiale américaine du groupe français. Alors que les promoteurs de l'offre de reprise par les cadres de BVA alertaient d'une possible délocalisation au Royaume-Uni de la direction et au Luxembourg du siège social, Alcentra garantit que les effectifs seront maintenus pendant au moins deux ans et que le siège de BVA restera en France.
« Il n'a jamais été question de délocaliser quoi que ce soit, rien ne change », assure le directeur exécutif d'Alcentra European Direct Lending. Alcentra, qui était déjà le principal créancier de BVA, détient désormais la totalité du capital de BVA. Le comité social d'entreprise (CSE) de BVA a regretté la décision du tribunal de commerce.«Dans son analyse de l'offre d'Alcentra, le CSE a souligné un engagement moins long sur le maintien de l'emploi et sur un périmètre plus restreint, la méconnaissance du métier et le manque d'expertise du secteur».
Le CSE rapporte en outre l'inquiétude des salariés du fait de «la nomination d'un responsable de la transformation chargé d'optimiser les coûts». BVA avait été placée en redressement judiciaire le 5 juin et le tribunal de commerce a examiné la semaine dernière quatre offres de reprise.
Le management actuel et les salariés du Groupe BVA avaient adressé une offre de reprise, de même que la société française Dentressangle, déjà propriétaire de l'Ifop, et un entrepreneur toulousain. Fondé il y a 50 ans, le Groupe BVA compte un millier de salariés, dont 500 dans son siège de Balma, près de Toulouse. Son principal actionnaire était jusqu'ici le fonds d'investissement Naxicap, filiale de Natixis. En 2019, BVA a fait 200 millions d'euros de chiffre d'affaires, année record, mais la crise sanitaire a amputé l'entreprise de 40% de son chiffre d'affaires. Filiale de Bank of New York Mellon Corporation, Alcentra est dirigée par Peter Glaser et figure parmi les acteurs majeurs sur le marché de la dette privée, avec plus de 40 milliards de dollars d'actifs sous gestion. Son siège est à Londres.