Le siège social de la société qu’il a fondée, Rumeur Publique, l’une des premières agences d’influence, est installée depuis deux ans à Saint-Denis. Pas seulement à cause des 1500 m2 que procure l’immersion dans cette ville du 9-3, mais aussi parce que Christian Giacomini est ainsi : il veut que ses 80 collaborateurs se confrontent à la vraie vie. Lui-même parle aussi bien de la misère des migrants qu’il croise tous les jours à vélo, porte de la Chapelle, que des formidables mutations urbaines que connaît cette proche banlieue de Paris.
« The best place to learn »
Trente ans après la création de son entreprise, l'homme fait toujours entendre sa voix de Corse. On le sent engagé, entier, ouvert et profondément humain. Sa dernière acquisition, The Message Company, est un peu à son image, spécialisée dans les prises de parole fortes des dirigeants sur fond d’enjeux importants. Son mantra : le rôle social du patron n’est pas qu’une (im)posture. Lui s’efforce de fidéliser ses salariés en intégrant des profils divers, en leur abandonnant 13 à 14 % du capital, en s’assurant 10 à 15 % de résultat « sans égorger personne » (sur 8 millions d’euros de chiffre d’affaires). Ou encore en mettant à leur disposition une bibliothèque d’un millier d’ouvrages leur permettant de « connecter les choses les unes aux autres », bref de se nourrir… « Je me lève le matin pour être the best place to learn », lâche-t-il.
Côté conseil, il sait qu’il a désormais en face de lui Accenture ou Deloitte. Ses atouts ? « Cela fait trente ans que je traîne mes guêtres dans la Silicon Valley », dit-il. D’où beaucoup de budgets d’entreprises technologiques comme Dropbox, Slack ou Stripe. Au total, ces clients high-tech totalisent 40% de son portefeuille. Outre la gestion d'Apple en France pendant quinze ans, Rumeur Publique a assuré les lancements de Meetic, Viadeo ou Tripadvisor, et accompagné « deux boites sur trois au Nasdaq ». Mais pas question d'être entièrement dépendant des valeurs technos, comme avant l'explosion de la bulle internet, au début des années 2000 où l'agence a failli fermer.
Déterminé
CLC, l'agence de relations médias qu’il vient de reprendre, est spécialisée dans l’habitat, le BTP et le jardin. Une nouvelle culture pour ce dénicheur de tendances qui perçoit, à l’âge digital, à la fois un désir de déconnexion et une montée en puissance du modèle de l’abonnement.
Lui-même ne glorifie en rien les start-up tant il sait les difficultés de l’entrepreneuriat. Mais il en tire des valeurs simples, universelles, qui consiste à servir les autres – ses clients, ses collaborateurs - avant de songer à se servir, faire venir des talents, savoir s’entourer pour une meilleure exécution, et enfin, avoir une détermination à toute épreuve. Pas question, pour l’heure, de vendre Rumeur Publique. « Si je le fais, ce sera avec des gens qui pensent comme moi », conclut-il.
Parcours :
1964. Naissance le 10 juin, à Antony.
1988. Fonde de Rumeur Publique, dont il possède 30 %.
2001. Diversification du portefeuille clients au-delà du high-tech.
2011. Virage vers la communication d'influence.
2012. Ouverture du capital aux managers salariés.
2018. Prise de participation dans Data Observer et inauguration d'un studio de production de podcasts.