« Je n’ai jamais entendu de gens dire qu’ils étaient contents du prix auquel ils vendaient leurs services. » Thierry Wellhoff, qui a créé l’agence Wellcom en 1981, a du recul pour apprécier les choses, même s'il reconnaît refuser régulièrement des clients « à cause de missions proposées à des tarifs pour lesquels on perd de l’argent ». Ces tensions sur les prix, d’autres les constatent. « La concurrence est très forte, notamment par le prix, qui malheureusement est plutôt à la baisse », glisse Eric Giuily, le président de Clai. L’ancien dirigeant de Publicis Consultants note aussi la raréfaction des grandes campagnes corporate. « Quand j’étais chez Publicis, les grandes OPA, Alcan qui rachète Péchiney, Sanofi qui acquiert Aventis, la fusion GDF-Suez, constituaient l’une de nos ressources principales », se souvient-il.
Guerre des prix
Pour Vincent Lamkin, associé-fondateur de l’agence Comfluence, « la normalisation de la procédure d’appel d’offres a été de pair avec un phénomène de cost-killing. Toutes les structures organisent aujourd’hui une consultation dès qu’elles veulent faire quelque chose, avec une logique de mise en concurrence où le critère tarifaire est un élément d’appréciation à des niveaux de 30 à 40 %. Cela conduit à une guerre des prix. » Cependant, pour Eric Camel, président d’Angie, « le vrai sujet, c’est l’internalisation croissante de nos compétences, en matière de community management, de contenus, de design ou de création de sites. Le conseil doit s’organiser dans la perspective d’aider les équipes internes, de les suppléer ou encore d’apprendre à travailler avec elles. »
Parallèlement, les besoins des entreprises ne semblent jamais avoir été aussi grands, notamment au regard des enjeux comme la raison d’être. « Nous avons eu 22 demandes entrantes sur le premier semestre », se réjouit Vincent Lamkin. Le marché recrute, remarque aussi Laure Visserias, vice-présidente de l’expertise corporate, crise et affaires publiques de Weber Shandwick. « Il est plus facile aujourd’hui d’être à la recherche d’un emploi que d’être recruteur, nos agences sont très demandeuses de nouveaux profils », estime-t-elle. Wellcom par exemple a augmenté son chiffre d’affaires de 10% l’an dernier, à 15 millions d’euros pour 120 collaborateurs, et recrute actuellement trois personnes.
Naissances
Dans cette logique, le marché attire de nouveaux entrants. Le mariage entre Webedia et le producteur audiovisuel Elephant a par exemple donné naissance à une offre de communication d’entreprise. Baptisée Goodwill, elle vise, selon ses promoteurs Hervé du Verne, directeur général d’Elephant at work, et Sébastien Hueber, directeur général adjoint chez Webedia, « à mettre au service des entreprises la manière dont on construit nos programmes et nos contenus », avec un objectif avoué : « inscrire la communication corporate dans le réel ». De quoi satisfaire leur quête de sens.