Le billet

La semaine dernière, je me suis souvenue des mots d’un ancien collègue : « Quand on est journaliste, on a le choix entre la haine et le mépris. Le mépris, lorsqu’on est trop servile. La haine, lorsqu’on revendique son indépendance ». Ces mots ont pris une résonance toute particulière avec l’« affaire Yseult » : la chanteuse, mécontente d’un portrait publié dans Le Monde, n’a pas appelé la journaliste pour en discuter avec elle, non. Elle a choisi de l’admonester publiquement sur les réseaux sociaux, l’enjoignant à « réécrire son article entièrement ». La haine et le mépris, les voilà.

Haine de tout ce qui échappe à son contrôle, mépris du travail des journalistes. Des passions tristes aujourd'hui quotidiennes. Les demandes de relecture des citations deviennent systématiques, quand on n’exige pas d’amender un papier avant parution. Pour se plaindre d’un article, on n’en appelle plus l’auteur, mais directement son patron. On demande de « valider » des questions avant l’interview ou alors on félicite – amer compliment – d’avoir respecté le « wording » désiré. Fatigue. Le cas Yseult a dû faire jubiler tous ceux qui traitent les journalistes comme des prestataires de contenu récalcitrants, ceux qui, tels des Cyranos à la manque, rêvent d'écrire à leur place l’article les concernant. La chanteuse a obtenu du magazine Nylon la réécriture de son portrait - in fine, un panégyrique relevant du brand content. Ceux qui pourfendent les journalistes croient rechercher plus de vérité. Au bout du chemin, ils ne trouveront que de la com.

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