La sextape du candidat Griveaux est emblématique de la rencontre entre le nouveau et l’ancien monde. Ancien monde, le respect de la vie privée, les mises en scène soignées du couple dans Paris Match, la condamnation des attaques en dessous de la ceinture. Nouveau monde, la porno-divulgation ou le « revenge porn », le retweet plus ou moins robotique par un député ex-en Marche et un apôtre de l’IA. Nouveau monde toujours, l’invitation-accusation sur BFM TV d’un avocat éconduit par le parquet qui se retrouve au cœur d’un trio infernal, avec Piotr le russe et Alexandra l’étudiante de 29 ans. Ancien monde, l’envoi d’images de son sexe par un homme politique adepte de Telegram qui pense qu’elles vont rester sagement dans le téléphone de la dame. Ancien monde, l’impunité d’hommes de pouvoir qui pouvaient toujours compter sur un système médiatique bien tenu, où les codes du dicible et du divulgable sont balisés. Nouveau monde, la révélation par un « performer » venu du froid qui se coud les lèvres à Moscou et crée à Paris le site « pornopolitique ». Nouveau monde, la dénonciation de « l’anonymat sur les réseaux sociaux », l’appel à une « police de mœurs sur internet » ou l’invocation de « la peur du gendarme ». Pas de doute, on est bien à la charnière du 20ème et du 21ème siècle.