Milton Friedman a encore ses thuriféraires. Sur BFM Business, Jean-Marc Daniel et Alain Madelin, en bons libéraux, ont dit tout le mal qu’ils pensaient de la loi Pacte, présentée le 18 juin. Un point a cristallisé leur mécontentement: l’inscription de l’entreprise dans un nouvel objet social qui ne se limite pas au profit mais inclut l’intérêt des salariés et de l’environnement, les conseils d’administration pouvant même définir une «raison d’être». Pour Jean-Marc Daniel, qui y voit une atteinte au droit de propriété, c’est là le signe de l'influence catholique des Bernardins contre le libéralisme. Alain Madelin, lui, s’insurge contre une nouvelle norme, issue de la «benefit corporation» qui sera source de conflits juridiques si on l’inscrit dans le droit, au-delà de la simple opération marketing. Seul souci, ces Chicago Boys à la française n’ont pas en face d’eux que la gauche, les syndicats ou le Pape: ils ont aussi les patrons eux-mêmes, Jean-Dominique Senard (Michelin) en tête. Alain Madelin, devenu président de fonds, en devine la raison: «Ils ne rêvent que d’une chose, c’est de dire mon profit n’est pas terrible mais regardez ma plaquette, j’ai respecté l’environnement». Une responsabilité sociétale qui, visiblement, échappe au XXème siècle vieillissant de ces messieurs. À Chicago ou à Paris.