Pour sensibiliser l’opinion publique à l’existence d’un marché noir des données, Deng Yufeng, un jeune artiste chinois de 33 ans, a mis la main sur 346 000 données confidentielles achetées sous le manteau. Nom, adresse, numéro de téléphone, coordonnées bancaires… autant d’informations que l’homme a achetées 0,13 euro l'unité, imprimées et exposées dès le 4 avril au musée d’Art de Wuhan, au centre du pays. Pour attirer des visiteurs à cette exposition baptisée « Secrets », le lanceur d’alerte, dont le vernissage sera interdit par la police deux jours plus tard, a adressé un SMS on ne peut plus ciblé aux personnes concernées. Alors que la Chine est au centre des regards pour son usage zélé des données, dont le dernier exemple est la « note sociale », Deng Yufeng a voulu matérialiser la portée du trafic de data. L'acte militant laisse imaginer que des citoyens chinois s’élèvent contre la frénésie numérique. Mais selon les experts, la majorité des gens aspirent à plus de sécurité, et acceptent bien volontiers d’être épiés, notés, filmés… On se demande alors si la Chine est en train de dessiner son propre modèle digital, ou si elle est simplement en avance.