Les 30 et 31 mars derniers a eu lieu le Museum Connections, un salon professionnel international organisé à la Porte de Versailles à Paris, tourné vers les enjeux économiques et durables des musées, lieux culturels et touristiques. Stratégies s’est promené le temps d’une matinée à la découverte des technologies de demain.
Et si votre guide était un hologramme ? Ce n’est peut-être pas une idée si farfelue que cela en a l’air. Il suffit de se rendre au Museum Connections pour se rendre compte de toutes les possibilités inimaginables que nous réserve l’avenir. Claire De Longeaux, directrice du salon depuis plus de deux ans, explique que les attentes du secteur sont de « faire en sorte qu’on puisse découvrir de nouvelles façons d’inventer l’expérience culturelle, musée, et touristique. Le but est de rendre le visiteur heureux après une visite en ayant passé un bon moment ». Initialement organisée en janvier, cette 26e édition – normalement 27 si celle de l’année dernière n’avait pas été annulée à cause du covid – a lieu les 30 et 31 mars derniers et le salon s'est séparé en deux : d’un côté, la partie tech, de l’autre, la partie shop. Sur ces deux jours, ce sont 391 exposants et 4 100 professionnels dont 21 % d’internationaux qui ont répondu présent. L’objectif de cet événement est de pouvoir améliorer l’expérience visiteur d’un lieu culturel avec des nouvelles technologies, du design, en passant aussi par le perfectionnement de son shopping après une visite. Voici donc à quoi pourraient ressembler nos lieux culturels de demain.
• Métavers et NFT
C’est la grande tendance en ce moment et les ingénieurs l’ont bien repérée. Au stand Metaseum, leur vision est de créer leur propre métavers « pour offrir aux visiteurs un monde virtuel capable de rendre accessible les connaissances », explique Martijn van Schaik, PDG de la start-up. Mais l’engouement va plus loin, il est même possible d'acquérir des tableaux en jetons non fongibles (NFT). « Les acheteurs auront le ticket prouvant qu’ils sont bien les propriétaires d’une œuvre », ajoute-t-il. Leur ambition ne s’arrête pas là, plus que cela, ils veulent pouvoir créer un guide dans cet univers qui pourrait expliquer les tableaux lors d'une visite. Enfin, Metaseum est en train de développer le concept d'une boutique en ligne capable de permettre aux personnes qui achètent des produits dans le métavers de pouvoir les recevoir physiquement par la suite.
• Illusion
Dans leur voyage vers l’année 2015, «Doc» et Marty McFly n’ont pas manqué de croiser des hologrammes partout. Il faudra attendre encore quelques années pour que la fiction devienne une réalité, qui n’est pas si lointaine. Depuis 2014, l’entreprise Holusion dirige ses recherches dans la conception d’hologrammes mise à l’honneur de l’art. « Nous fabriquons des hologrammes permettant de présenter des objets 3D de 10 cm à plusieurs mètres et à 360° », présente Thibault Guillaumont, créateur d’Holusion. Grâce à une application sur sa tablette, le fondateur fait apparaître le château d’Alençon sur l’une des caisses en verre. L'objectif est de pouvoir finir par « téléporter les objets de musée en musée, tout en partageant leur histoire aux élèves ». Holusion collabore étroitement dans la recherche et les universités pour donner accès à la culture à un maximum de personnes. Ces objets, transformés en hologrammes, sont scannés afin de devenir une image en relief. « Il nous aura fallu deux mois et 25 000 euros pour réaliser le château d’Alençon », confie le créateur.
• En dehors de l’écran
« Nous voulons partager nos connaissances en valorisant l’expérience client. Grâce à nos dispositifs interactifs, le visiteur sera guidé de façon amusante et plus marqué par ses découvertes », introduit Marco Pezzin, business developer pour Hovertone. Pour aiguiller la visite, un écran de projection est placé avec des animations envoyées par un projecteur où chacun n’a juste qu’à frôler l’installation pour s’amuser et découvrir par soi-même les explications. « On utilise un détecteur de mouvement qui permet de créer une bulle d’expérience. » Une sensation que souhaite procurer l’entreprise. Et pour donner l’exemple par les actions, Marco Pezzin fait une démonstration avec son téléphone grâce à une application et un QR Code, une simple image de jardin prend vie avec des animations sur l’écran. Une façon plus distrayante et accessible à tous de voyager, sans se déplacer physiquement.
• Sens-ation
Quand les os racontent une histoire. Au stand Losonnante, une expérience sortant de l’ordinaire est proposée avec l’ostéophonie: l’expérience d’écoute par conduction osseuse. En posant ses coudes sur une plateforme blanche et en se bouchant les oreilles, on pourra écouter et plonger dans plusieurs sens. L’auditeur n’est plus passif, mais devient actif grâce à ces bornes audio. Construit comme une petite table, l’objet ne fait aucun bruit et peut être installé en extérieur même dans des lieux bruyants.
• Shopping à gogo
L’optimisation de l’expérience visiteur passe aussi par les innovations des boutiques des lieux culturels. Pour ce faire, un jury de dix experts internationaux a été composé pour définir les grandes tendances, mises à l’honneur pour cette 26e édition. La collaboration, le made in locally, la diversité et l’engagement, les kids, le «feel good» et l’éco-friendly sont les six catégories désignées comme futures inspirations. Installée au milieu de la partie shop, chaque catégorie désignée a été mise en avant dans le pop-up store de Museum Connections, qui expose les objets appartenant aux thèmes. Parmi les produits sélectionnés par le jury, on retrouve dans la partie collaboration, la collection de mini-sacs brodés en perle de Sophie Cano X Notre-Dame de Paris, des affiches pédagogiques Poppik adressées aux enfants, ou encore les cadrans de montres Faubourgs de Paris X Laps labellisés «Fabriqué à Paris» par la Mairie de la capitale.
La prochaine édition du Museum Connections se tiendra les 17 et 18 janvier 2023.