Tribune
La notion de qualité de vie au travail est aujourd'hui largement partagée. Mais si la positivité en entreprise a un impact réel sur le bien-être des salariés, elle ne doit pas non plus minimiser l’importance de certains problèmes internes.

Les notions de positivité et d’épanouissement au travail sont de plus en plus présentes et ce, dans chaque secteur de métier. En 2020, 67% des collaborateurs considéraient le travail comme une source d’épanouissement personnel, selon une étude sur le climat social menée par Cegos.

Bien que ces initiatives de placer l’humain avant la performance sont honorables, cette émergence soulève tout de même quelques questions. Peut-on réellement trouver le bonheur en entreprise même si les objectifs liés aux chiffres ne sont jamais loin ? Quels moyens sont mis en place par les organisations pour entretenir cet épanouissement pour tous ? Positivité et optimisme sont-ils des termes compatibles avec professionnalisme et performance ?

Une nouvelle configuration du monde du travail en entreprise

Les premières générations de start-up du numérique ont chamboulé les esprits en matière de qualité de vie au travail. En effet, en rompant avec le management dit pyramidal et une hiérarchie par échelons, elles revendiquent une nouvelle configuration du travail.

Ce changement a conduit progressivement à flouter les traces d’un management vertical au profit de plus d’horizontalité pour encourager le travail collaboratif, le partage de l’information... Est alors prônée une transparence sur tous les projets, et ce peu importe son poste au sein de l’entreprise. Ce système est plébiscité par les nouvelles générations qui recherchent une réelle atmosphère positive, voire conviviale au sein de leur lieu de travail.

Pourtant, si dans l’imaginaire collectif, le travail est associé à la rigueur et l’application de protocoles, ce concept est très bien accepté dans le monde des start-up. Et si le travail en mode collaboratif, qui évoque une certaine convivialité, peut favoriser les interactions et masquer les barrières manager/collaborateur, il ne faut pas oublier qu’il est essentiel de les maîtriser.

Vers un nouveau mode de fonctionnement en entreprise

On dit que le positif attire le positif. Au sein d’une organisation, cultiver son enthousiasme, une attitude positive offre de nombreux bienfaits, comme une meilleure ambiance, la réduction du taux d’absentéisme et une augmentation singulière de la performance.

Auparavant perçu comme une forme de réussite sociale, le travail est aujourd’hui un lieu d’épanouissement personnel. Ainsi, le bien-être et le bonheur au travail sont devenus des facteurs de motivation suffisamment importants pour les collaborateurs qu’ils n’hésiteront pas à quitter une organisation dans laquelle leurs besoins seront ignorés.

Cette problématique implique la mise en place d’initiatives RH afin de rendre les organisations positives. Elles permettent une fidélisation et un engagement des collaborateurs à l’organisation dont ils font partie et dont l’implication, à terme, sera plus complète. Au-delà de la performance soulignée par une organisation dite positive, le dynamisme, la proactivité, l’implication dans l’action se reflètera sur tous les membres de l’équipe.

Positivité au travail, une façade ou un objectif durable ?

Comme évoqué précédemment, le monde du travail et de l’entreprise tient une place importante dans la vie de chaque salarié puisqu’il y passe la majorité de son temps. Pour cette raison, il est évident que le travail aura un impact sur le bien-être et, à plus grande échelle, sur le bonheur de l’individu. Ces dernières années, la course liée à la performance a révélé une augmentation des risques psycho-sociaux, dépression et burn-out. Pour répondre aux demandes des employés, certaines entreprises ont recruté des chief happiness officers (CHO) pour veiller à la question du bien-être des salariés et cultiver la positivité au sein de l’équipe.

Mais, entretenir un état d’esprit positif au travail est-il vraiment possible ? D’après Lia Bazin, office manager indépendante, la crise sanitaire a révélé l’importance d’un état d’esprit positif. Les chief happiness officers et les RH se sont retrouvés en première ligne pour gérer le stress et les angoisses des collaborateurs. Cependant, leur rôle n’a pas été négligé puisqu’ils ont redoublé d’inventivité en créant, par exemple, des newsletters quotidiennes pour proposer des bons plans aux employés afin qu’ils puissent recevoir des ondes positives à distance.

Néanmoins, cet engouement pour la positivité à tout prix peut se révéler toxique pour les collaborateurs. Pour cause, cet enthousiasme permanent peut avoir tendance à minimiser l’importance des problèmes internes que peuvent rencontrer les salariés en évoquant simplement le fait qu’il est possible de tout résoudre en pratiquant la pensée positive. Pour remédier à cela tout en instaurant une culture positive saine, il est important d’accepter les émotions négatives de chacun et de faire preuve d’indulgence.

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