Avec un burger commun, Burger King et KFC inaugurent-ils une nouvelle ère dans l’histoire de la restauration rapide, où «coopétition» et créativité se rejoignent?
C’est une annonce qui a pris tout le monde de court : Burger King et KFC, deux géants de la restauration rapide historiquement rivaux, s’apprêtent à lancer un produit commun. Cette collaboration improbable, qui mêle les savoir-faire des deux enseignes pour créer un burger inédit, illustre un concept stratégique de plus en plus utilisé dans le monde des affaires : la « coopétition ». Ce mélange de coopération et de compétition ouvre de nouvelles perspectives dans un marché où l’innovation est cruciale pour séduire des consommateurs toujours plus exigeants.
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— Burger King France (@BurgerKingFR) November 26, 2024
Plus précisément, il s’agit de « coopetitive branding » puisque les deux entreprises concurrentes collaborent sur un produit ou un service où les deux marques apparaitront de manière conjointe. L’idée peut sembler paradoxale, mais elle repose sur un postulat simple : dans certaines conditions, travailler avec son adversaire peut générer des bénéfices mutuels. Ici, Burger King apporte son expertise en matière de burgers, tandis que KFC met en avant son incontournable poulet frit, un mariage de saveurs qui promet d’attirer les gourmands curieux.
Ce partenariat s’inscrit dans une logique gagnant-gagnant, où chaque marque espère tirer profit de l’association sans compromettre son identité. Sur le court terme, le lancement de ce produit commun génère un buzz médiatique colossal, donnant une visibilité accrue aux deux enseignes. Il s’agit aussi de répondre à une attente grandissante des consommateurs pour des expériences inédites et innovantes. Mais la stratégie va au-delà de la simple création d’un produit phare : elle permet également de mutualiser certains coûts, notamment en termes d’innovation, en production et en communication, dans un contexte où la pression sur les marges n’a jamais été aussi forte.
« Confusion », « cannibalisation »
Cependant, cette alliance entre concurrents n’est pas sans risques. L’une des craintes majeures réside dans la confusion des consommateurs, qui pourraient ne plus percevoir clairement les différences entre les deux marques. Il y a aussi le risque de cannibalisation : si ce burger commun rencontre un succès fulgurant, il pourrait détourner les clients des produits phares de chaque enseigne. Conscientes de ce risque, les entreprises n’ont prévu de proposer ce burger uniquement pendant quelques semaines. Enfin, les tensions liées à ce type de partenariat ne sont jamais loin, chaque partie cherchant à protéger ses secrets de fabrication tout en veillant à ce que l’autre ne tire pas trop parti de la collaboration.
Mais si l’audace de cette stratégie s’accompagne de risques, elle reflète également une évolution des rapports entre grandes entreprises dans des secteurs hyperconcurrentiels. À l’image des collaborations entre marques de luxe et enseignes grand public, le coopetitive branding devient un outil stratégique pour innover, surprendre et conquérir de nouveaux marchés. Dans un contexte où l’attention des consommateurs est une ressource rare, ces partenariats inhabituels permettent de se démarquer tout en partageant les risques.
Avec ce burger commun, Burger King et KFC inaugurent peut-être une nouvelle ère dans l’histoire de la restauration rapide, où coopétition et créativité se rejoignent pour répondre aux attentes des consommateurs modernes. Reste à voir si ce pari audacieux saura convaincre sur le terrain et, surtout, inspirer d’autres entreprises à suivre la même voie. Une chose est sûre : dans un monde où les lignes entre rivalité et partenariat deviennent de plus en plus floues, les frontières de la concurrence s’apprêtent, elles aussi, à être redéfinies.