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En se baptisant les "revenants" et en déclinant cette idée dans une caméra cachée décalée, un team créatif senior a créé le buzz. Son objectif: retrouver un poste en agence.

Ils ont décroché de la publicité depuis quelques années, n'ont pas d'expérience récente dans le digital et ne sont pas loin de la quarantaine... Un triple handicap pour retrouver un poste en agence aujourd'hui. Julien Rotterman et Jeff Clément, deux créatifs, ont décidé d'appuyer là où ça fait mal, en se baptisant justement les «Revenants». Ils ont décliné toute une campagne autour du thème de leur seniorité.

«J'avais arrêté la publicité depuis six ans pour devenir réalisateur, explique Julien Rotterman, 36 ans, concepteur-rédacteur (ex-Scher Lafarge, DDB, Leagas Delaney). Entre-temps, le digital a pris de l'ampleur dans les agences. Et je n'ai pas de réalisations digitales à présenter dans mon book. Nous voulions prouver que nous savions faire des choses dans le digital, du coup nous avons lancé une campagne.» Pourquoi les "Revenants»? «Une façon d'insister sur notre "défaut", avec autodérision», poursuit Jeff Clément, 40 ans (ex-Ogilvy, Seven, groupe Fullsix).

Réponse au jeunisme

Morceau de bravoure de leur campagne: une caméra cachée, au siège de Publicis, où les «Revenants» demandent à rencontrer Marcel Bleustein-Blanchet (fondateur de l'agence en 1926) à une hôtesse d'accueil déboussolée. La vidéo a été vue plus de 12 000 fois sur You Tube. Un buzz bien orchestré par ces créatifs seniors qui relatent les différents épisodes de leur campagne via leur page Facebook.

«Nous voulions démontrer que l'idée créative devait primer sur la technologie et qu'elle devait rester au centre, insiste Julien Rotterman. C'est donc une réponse au jeunisme ambiant dans les agences digitales: les créatifs sont de plus en plus jeunes, et il y a beaucoup de directeurs de création qui ont à peine 30 ans.»

En creusant avec humour le sillon du «has-been», ces créatifs ont réussi à décrocher quatorze entretiens avec des directeurs de la création. «Pas mal pour deux mecs totalement oubliés du marché il y a encore deux mois, sourit Julien Rotterman. Il y avait une vraie prise de risque de notre part, car notre démarche aurait pu tomber dans le pathétique.»

Prochaine étape pour Julien Rotterman et Jeff Clément: créer un «case-study» autour de leur campagne puis l'inscrire aux Cannes Lions. Pour financer leur participation, ils comptent faire appel au site de financement participatif Ulule. Le coup de trop? En tous cas, cette quête du «buzz» ne doit pas leur faire perdre de vue leur défi initial: retrouver un poste en agence.

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