Adieu France Bleu. Bonjour Ici. Le réseau des 44 antennes locales de Radio France change de nom le 6 janvier dans le cadre de son rapprochement lancé de longue date avec France 3.
Oubliez la marque France Bleu, vous serez bientôt sur ICI (à ne pas confondre avec LCI). Depuis le 5 novembre déjà, pendant les programmes régionaux de France 3, le logo « Ici » est présent à l’écran de même que les antennes locales habituent les auditeurs à cette nouvelle marque via un « Bug » et des annonces régulières.
La marque Ici « a d’abord vocation à réunir nos forces sous le même label (et sous) un drapeau commun », a souligné Céline Pigalle, la directrice de France Bleu, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à la Maison de la Radio. La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, et son homologue de Radio France, Sibyle Veil, avaient annoncé en octobre 2023 l’union à terme de France 3 et France Bleu sous la marque Ici, afin de renforcer les coopérations illustrées par les matinales communes lancées en 2019.
Ce changement de nom prendra effet le 6 janvier dès 5 heures du matin. Il sera soutenu par avec une campagne de pub nationale réalisée par l’agence Jésus et Gabriel et diffusée du 5 au 19 janvier puis du 3 au 9 février. L’enveloppe globale de ce changement, qui implique aussi le changement d’habillage des antennes locales ou des studios représente « plusieurs millions d’euros » selon Céline Pigalle.
« Deconnexion du public »
La création du « grand média local radio, télé et numérique » qu’est Ici est « une révolution », a jugé Sibyle Veil. La PDG, qui n’était pas présente à la conférence de presse, s’est exprimée lors d’un colloque organisé au même moment par le cabinet de conseil NPA. Changer de marque est « évidemment une prise de risque », c’est « à la hauteur du message qu’on veut adresser au public », a ajouté la présidente de Radio France.
Selon elle, il faut « des médias plus proches des gens, en prise avec toutes les réalités du pays », alors qu’ils sont « particulièrement centralisés et concentrés à Paris ». « On veut travailler d’arrache-pied pour faire reculer le sentiment d’éloignement, d’invisibilité et pour certains d’abandon », a insisté Sibyle Veil, en pointant « la déconnexion de toute une partie du public envers les médias ».
Dans ce but, Ici mise sur « l’actualité locale, la musique et la bonne humeur », a détaillé Céline Pigalle, en mettant l’accent sur « la proximité » et « le service ». Selon elle, la « promesse » d’Ici est de « relayer ce que dit et ce que vit le peuple ». Cela peut offrir un « contrepoint » à « des propositions populistes », « polarisées et politisées », a-t-elle dit sans plus de précision.
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Ici veut ainsi détecter « les signaux faibles » au sein des régions qu’il s’agisse de crises sociales émergentes type « gilets jaunes » ou de nouvelles tendances, a expliqué Yann Chouquet, directeur adjoint du réseau. Pour cela, ses équipes vont s’appuyer sur l'IA, pour synthétiser par exemple des témoignages d’auditeurs de toute la France sur un thème ou voir si un même phénomène se retrouve dans l’actualité de plusieurs régions.
Autres nouveautés, la création de podcasts (en français et en anglais) conçus comme des guides de voyages avec des conseils pratiques pour les gens qui veulent visiter telle ou telle région, et le renforcement des chroniques sur la vie quotidienne.
Ce projet a suscité des oppositions syndicales dans les deux entreprises et auprès des 1 400 salariés de France Bleu, ses adversaires y voyant les prémices d’une fusion pure et simple. Interrogée sur d’autres futurs rapprochements entre télé et radio, Cécile Pigalle a répondu : « On peut réfléchir à poursuivre dans cette logique » et « on va travailler à d’autres éléments partagés ».
Ces changements interviennent alors que le statut de l’audiovisuel public fait l’objet de discussions politiques. Suspendu par la dissolution, le projet de création d’une holding rassemblant ses différentes branches (France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’Ina) reviendra à l’Assemblée nationale le 17 décembre.