Depuis deux mois, Corinne Mrejen abat les murs. Recrutée par le trio «BNP» pour prendre les rênes du nouvel ensemble formé par les régies du groupe Le Monde, elle a quitté en mars dernier, avec «un gros pincement au cœur», la direction du Figaro Médias après trois années. «Les grandes aventures médias, il n'y en a pas tant que ça», confie-t-elle.
Son transfert du Figaro au Monde est une petite onde de choc dans le «village médias», mais pas un séisme pour l'intéressée: «Je n'ai pas voulu m'inscrire dans une polémique car je suis pacifique, cela fait partie d'un choix, une envie de rejoindre un projet entrepreneurial très excitant», explique celle qui est chargée de la fusion des trois régies du quotidien (Publicat, I-régie, Le Monde Publicité).
De ses trois entités publicitaires, elle devra faire tomber les barrières pour créer des synergies entre les cent cinq collaborateurs rassemblés début juin, avant le grand déménagement du journal attendu en 2012.
«La fierté de ceux qui travaillent pour la marque m'a marquée en arrivant», avoue Corinne Mrejen qui enchaîne les entretiens avec ses nouveaux collaborateurs pour «fédérer, expliquer, accompagner les gens dans le changement». «On ne peut pas demander aux gens de grimper s'ils ne savent pas où ils vont», souligne-t-elle.
Prête pour le grand saut
Au Figaro, certains tentent de gérer leur sevrage forcé: «C'est un manager que l'on a envie de suivre à 300%, car elle fait en sorte que les gens adhèrent à son projet.»
Au Monde, Corinne Mrejen est aussi celle qui doit acter le mariage publicitaire entre le print et le digital au profit d'offres «globales». «Mon rôle est de donner envie à chacun de mieux connaître l'autre», dit-elle.
Passionnée d'histoire et de littérature, cette diplômée en économétrie passée par les agences médias pratique le mélange des genres. Elle avoue même en avoir fait «une fixette». Ses collaborateurs doivent devenir «bilingues entre le print et le digital (et réciproquement), pour être à l'aise avec les marques». «On a besoin d‘avoir des profils de gens complémentaires, je ne veux pas de séparation entre la jeune génération et les autres», précise-t-elle.
Former en douceur, mais aussi dans l'urgence, «car tout ça va très vite» s'enthousiasme t-elle. Ce n'est pas pour lui déplaire: «Je suis quelqu'un d'un peu pressé. J'ai besoin de voir que les choses avancent.»
Ainsi, c'est naturellement qu'elle embrasse la rapidité de la révolution numérique: «On n'a pas le temps de prendre six mois pour se former car on est à la fois sur du court terme et sur du moyen-long terme. Il faut sauter dans la piscine», constate cette amoureuse de la presse qui, chaque soir, part avec «une pile de journaux et de magazines».
Bien plus qu'un tempérament énergique, la directrice générale foudroie: «Elle n'est jamais battue. Elle repart toujours», témoigne Luciano Bosio, vice-président du Figaro Médias. Mais Corinne Mrejen sait aussi prendre le temps: «Je suis quelqu'un de très accessible. Les plus belles aventures sont celles des rencontres.»
Ses dates clés
1988. Essec, maîtrise en économétrie.
1988-1997. Directrice de clientèle chez Mindshare.
1997-2003. Directrice médias de SFR-Cegetel, en charge des synergies de Vivendi Universal.
2003-2008. Directrice générale de Zenith-Optimedia.
2008-2011. Directrice générale de Figaro Médias.
Mars 2011. Directrice générale des régies publicitaires du groupe Le Monde.