Laurent Solly, le nouveau directeur général de TF1 Publicité, va devoir s'y habituer. Un appel ou un SMS de sa présidente tard le dimanche soir? C'est possible de la part de cette mère de famille qui avoue pouvoir passer vingt coups de fil d'affilée à l'un de ses enfants afin d'être sûre de le joindre. Martine Hollinger est ainsi: reliée. À tout et à tous. Avec une tendance à être «omniprésente», comme elle le dit elle-même, qui peut paraître un peu envahissante. «Elle a un besoin impérieux d'être au courant de tout. Au point qu'on s'en amuse parfois en disant “Comment, tu ne sais pas ça ?”», raconte Claude Cohen, l'ancienne présidente de la régie avec laquelle elle a longtemps formé un tandem façon yin et yang.
«Elle va très vite, consulte courriels et SMS en permanence, peut participer à deux réunions à la fois, n'aime pas les paresseux et les lents. C'est une grande bosseuse, très intelligente, qui doit avoir toute confiance en ses collaborateurs», complète l'ex-présidente, qui avoue avoir parfois joué de sa différence: elle est aussi calme et énigmatique que Martine Hollinger est pressée et lisible.
Désormais, cette dernière est celle qui est supposée prendre du recul. «C'est une commerciale dans l'âme qui cherche à trouver des solutions et à remédier à des problèmes efficacement et rapidement», estime Zohra Deroche, déléguée du comité d'entreprise de TF1 Publicité. Heureusement que, pour Claude Cohen, on est «opérationnel toute sa vie dans une régie», pour rester proche de ses clients, car l'on imagine mal Martine Hollinger dans la position de la «chairwoman».
Exigeance et acharnement
Vive, rapide, parfois même bondissante, cette femme manager n'est pas du genre à rester tapie dans l'ombre en attendant sa proie. Elle se décrit comme une adepte du management participatif, en poussant ses collaborateurs à dire ce qu'ils pensent d'une décision d'organisation, en suscitant la contradiction. Exigeante vis-à-vis d'elle-même, elle s'autorise à l'être aussi avec ses équipes. Quitte à être par moment un rien brutale… «Parfois, il y a des mots bruts de décoffrage qui vont jaillir de sa bouche car elle pense parler à ses enfants ou à ses amis, relève Zohra Deroche. Mais ce n'est pas quelqu'un de méchant. Après coup, elle peut se rendre compte qu'elle a été un peu brusque et revenir dessus.»
Martine Hollinger le concède volontiers: elle est «assez directe». «Je dis ce que je pense et j'ose tout dire, lâche-t-elle. Si un sujet a pour moi une importance suprême par rapport aux enjeux, je le dirai. Même si ce n'est pas politiquement correct.» C'est ce qui fait sa force. Si elle n'aime pas les conflits, la patronne ne les craint pas non plus. Ses équipes savent qu'elle s'acharnera à les mobiliser dans l'effort, mais qu'elle est aussi attachée à ce qu'elles soient «heureuses de travailler ensemble». Elle est d'ailleurs connue pour se rendre accessible et tirer le meilleur profil des gens qu'elle emploie. Une proximité qui est aussi un atout face à la pression du marché. Au premier trimestre 2009, où TF1 a vu ses recettes publicitaires baisser, elle a même réussi à développer, dit-elle, «une sacrée solidarité» entre commerciaux, avec un pôle commun de négociations. «Si je suis politique? Non, ce n'est pas ce qui me caractérise le plus…», conclut-elle. D'autres sont là pour ça.
Dates clés
21 octobre 1949: naissance à Saverne (Bas-Rhin).
1972-1974: après l'IEP de Strasbourg, collaboratrice du Centre africain de recherche et d'information administrative, à Tanger (Maroc).
1974-1976: chef de publicité à Maison française.
1976-1983: chef de pub, puis directrice adjointe de la publicité à F Magazine.
1983-1990: directrice commerciale à FR3 Publicité, puis Espace 3.
1990-2004: directrice commerciale, puis directrice générale adjointe de TF1 Publicité.
2004-2010: directrice générale de TF1 Publicité.
Juin 2010: présidente de TF1 Publicité.
