Les effets de la crise continuent de se faire sentir sur les départs en vacances. Les Français devraient être plus nombreux à partir cet été qu'en 2009, mais ce chiffre reste inférieur à celui de l'été 2008. À en croire un sondage Ipsos pour le compte d'Europ Assistance publié le 22 juin, 68% des Français ont l'intention de quitter leur domicile pour les vacances, contre 74% il y a deux ans. Une baisse qui touche également chez nos voisins européens: 64%, contre 67% en 2008. Bonne nouvelle cependant pour le marché du tourisme français: selon les estimations du baromètre TNS-Sofres Atout France, les Européens des cinq premiers pays visitant la France indiquent des intentions de départ en croissance de 2% en juillet et de 10% en août.
Les Français qui partent, eux, modifient leurs habitudes: seulement 19% des personnes interrogées déclarent qu'elles vont partir plusieurs fois cet été, contre 34% en 2008, et 18% comptent s'en aller trois semaines, contre 24% en 2008.
Taux d'épargne en hausse
Dans les années 1960, les estivants choisissaient de passer tout un mois loin de chez eux, d'où les termes «juillettistes» et «aoûtiens». Depuis, la durée moyenne des vacances d'été n'a cessé de se raccourcir. Selon les spécialistes, en 2020, la moyenne des congés estivaux se situera entre 8 et 10 jours. Les vacances sont donc moins longues, mais aussi moins lointaines. Une grande majorité des sondés par Ipsos déclarent rester dans l'Hexagone (60%), soit une augmentation de 6 points par rapport à l'an dernier, et 48% des Européens (+2 points), déclarent qu'ils resteront dans leur propre pays.
La mer reste la destination phare: 37% des Français s'y rendront cet été, selon TNS Sofres.
Un phénomène plus marqué encore pour les enfants: 64% des 7-14 ans fréquentent la plage. Mais cette tranche d'âge passe une grande partie de son été (38%) chez un membre de la famille.
Ces constatations semblent venir de plusieurs changements dans les habitudes. Le premier, récemment dévoilé par l'Insee, est que les Français font globalement plus attention à leurs dépenses. Le taux d'épargne est en hausse: les ménages mettent de côté 16,2% de leur revenu disponible. Le budget vacances moyen du Français reste toutefois le deuxième d'Europe, derrière celui du Norvégien. Il s’établit à 1 364 euros, selon une enquête effectuée par Kelkoo France.
Le stress est aussi un facteur modifiant le comportement des vacanciers: selon Ipsos, 60% des personnes interrogées font de la quête de repos leur principale motivation, suivie par l'envie de découverte. Une majorité (58%) des sondés par LH2 le 28 juin pour le quotidien Metro préféreraient également réduire les vacances scolaires d'été de leurs enfants d'au moins deux semaines afin de mieux répartir la charge de travail sur l'année et de réduire le nombre d'heures de classe quotidiennes. Enfin, 71% des Français déclarent se lever plus tôt que d'habitude le matin de leur départ, selon TNS Sofres.
Parole d'expert
«Les économies vont se faire sur l'hébergement»
François Genin, directeur associé de DDB Travel & Tourism
«Les campagnes publicitaires essaient de mêler les tendances lourdes comme la maîtrise totale du budget et la recherche d'innovations. Le réel changement vient du fait que, cette année, les économies vont se faire sur l'hébergement plutôt que sur les sorties. La volonté de retour à la nature, comme les séjours en camping ou dans une cabane en haut d'un arbre, doit être pris en compte. Les trois thèmes vont donc être le budget, l'anticipation des risques (par exemple un volcan islandais…) et la nature. Le marketing mobile a également un rôle important à jouer: les touristes vont chercher des bons plans via leur smartphone.»