Clubhouse, le nouveau réseau social de conférences et de discussions accessible uniquement par cooptation, fait parler de lui. En quelques mois, il a été successivement « l’application où il fallait être », le chouchou des investisseurs de la Silicon Valley, une application moquée et même de plus en plus critiquée par des concurrents paniqués l’accusant de les avoir copiés. Pour la défense de Clubhouse, ce revirement est banal : c’est le lot de toute nouvelle application de réseau social que de subir ce genre de polémique, souvent entretenue grâce à Twitter.
Cette effervescence ne doit toutefois pas détourner les professionnels des réseaux sociaux de la seule question qui compte vraiment : faut-il s’intéresser à Clubhouse ? Oui, d'abord parce qu'il répond à l’appétence du public pour le direct et le son. Ces dix dernières années, le nombre de podcasts a explosé et leur succès s’est confirmé en période de confinement. Il n’est donc pas surprenant que Clubhouse se soit développé aussi rapidement ; nous avons soif et besoin d’interactions sociales. Clubhouse peut être considéré comme l’interprétation moderne de la radio « parlée » : un contenu en direct, sans montage, sans message, ni photo, vidéo ou hashtag ; chaque hôte est libre de créer sa propre salle de discussion et d’en réguler l’accès.
Pour les marques, un événement Clubhouse peut être une solution idéale pour celles qui sont attirées par des outils de diffusion en direct, comme Facebook Live, Linkedin Live ou Instagram Live. Les applications audios comme Clubhouse sont aussi l'occasion pour elles de repenser la façon dont elles dialoguent avec le public et d'imaginer comment communiquer différemment. Sur quels sujets échanger ? Quels termes utiliser ? Ce sont de vrais défis qu’il va falloir relever et intégrer dans sa stratégie de communication.
Un aspect «exclusif»
L’enjeu principal des marques est de s’adresser à la bonne audience. Le principe de la recommandation paraît donc séduisant. Mais il semble que l’algorithme qui permet à Clubhouse de proposer les salles de conférence en fonction de chaque profil ne soit pas tout à fait au point… Cela implique donc qu’une marque ne soit pas immédiatement et correctement référencée. Par ailleurs, la qualité sonore des conversations n’est pas toujours irréprochable depuis un téléphone portable. Enfin, tous les auditeurs n’ont pas systématiquement la possibilité de prendre la parole : c'est un obstacle pour créer une vraie relation interactive avec son public. Sans oublier l’aspect « exclusif » de Clubhouse, qui séduit par son côté VIP, mais qui implique aussi que l’on mette le développement de son audience entre les mains de ses amis ou connaissances, qui peuvent ne pas jouer le jeu.
Avant de tenter l’aventure Clubhouse, les professionnels des réseaux sociaux doivent donc s’assurer que la communauté de leur marque est déjà présente sur la plateforme, puisqu’il fonctionne par cooptation, sans possibilité d’envoi d’invitations en masse. Ils doivent aussi s’interroger sur le temps qu’ils ont à y consacrer et celui qu’ils investissent déjà sur d’autres réseaux où leur communauté est déjà présente (98 % des internautes sont sur plusieurs réseaux à la fois).
Dernier point à vérifier : Clubhouse permet-il de répondre à ses objectifs de communication ? Le réseau social est surtout efficace pour améliorer la notoriété de la marque, pour se positionner comme leader d’opinion ou prendre la parole sur un sujet spécifique. Si les objectifs de la marque sont de générer du trafic, de convertir des prospects ou de réaliser des ventes, ce n’est probablement pas la plateforme la mieux adaptée.