Hier encore, on vivait tous les uns à côté des autres, mais sans connaître nos propres voisins. Aujourd’hui, on est tous ensemble à nos fenêtres à 20 heures pétantes, pour applaudir les personnels soignants qui donnent tant ces jours-ci, pour jouer à des jeux ou faire de la musique depuis nos balcons. Et on apporte même des courses au monsieur âgé que l’on saluait du bout des lèvres quelques jours auparavant.
Hier encore, on n’avait le temps de rien. Pas le temps de prendre des nouvelles de sa famille, d’appeler ses amis, de faire du sport ou de promener le chien… Aujourd’hui, on donnerait cher pour trinquer avec autre chose qu’un écran, et on n’a jamais autant eu besoin de voir son monde, de serrer nos proches dans nos bras.
Hier encore, on n’avait pas de temps à passer avec ses enfants, alors on comptait sur l’école de la République pour les éduquer. Aujourd’hui, tous les parents du monde ont compris qu’instituteur, c’est un vrai métier, et qu’avec trente enfants comme le nôtre, juste une heure, on deviendrait fous. On a aussi compris qu’un jeu de société, rien qu’une heure, sans téléphone, c’est précieux pour faire grandir un enfant, et on a un peu honte qu’il ait fallu une pandémie mondiale pour le réaliser.
Hier encore, on se contentait de consommer. La bouffe, les news, les stories Instagram... Aujourd’hui, on a de nouveau pris conscience que nous sommes des citoyens, et que, même si c’est sous la contrainte, on peut changer le monde, faire des choix plus responsables, plus rationnels aussi.
Hier encore, on vivait dans une société individualiste. Aujourd’hui, on redécouvre le visage de la caissière, du facteur, du livreur ou encore de l'éboueur. On redécouvre l'importance de ces métiers pourtant déconsidérés pendant tant d'années. On sait que notre salut ne passera que par la solidarité, que nous sommes tous un maillon essentiel de la chaîne. Rester à la maison pendant que d’autres sont mobilisés nuit et jour pour sauver des vies, pour nous permettre de nous alimenter, et assurer notre sécurité.
Hier encore, on disait à nos clients qu’ils devaient adopter une posture sociétale, environnementale,
qu’ils devaient parler de leurs engagements… Aujourd’hui, il n’est plus question de posture, mais d’actes forts.
Créativité, sang-froid et bon sens
Alors, quand on sera « déconfiné », qu’en restera-t-il ? Quel devoir avons-nous, nous les marketeurs, nous les communicants ? Nous dont le métier peut paraître futile dans ce contexte de crise sanitaire. D’abord, nous avons un devoir d’utilité pour les entreprises, en mettant notre créativité au service de leurs défis, qu’ils soient industriels, sanitaires ou humains. Être créatif, c’est penser sans tabou à ce qui n’existe pas encore, chercher en permanence le pas de côté. Combien d’entreprises aimeraient avoir à leur service un peu de créativité ces jours-ci, pour voir les choses sous un angle différent ?
Nous avons ensuite un devoir de sang-froid. N’oublions pas la valeur de ce que nos clients entreprennent en ce moment. Mettre son outil industriel ou ses moyens de communication au service de la santé publique, c’est un effort gigantesque. Et se battre pour poursuivre son activité et sauver des emplois, aussi. En tant que communicants, nous nous devons de penser à l’après, réfléchir pour eux, et avec eux à quelle sera leur marque dès la sortie de la crise. Il faudra tout mettre en œuvre pour que leurs efforts d’aujourd’hui perdurent demain.
Enfin, nous avons un devoir de bon sens. Cette RSE, qui a été trop souvent envisagée comme un moyen de faire briller la vitrine, va devenir la pierre angulaire de nos métiers, parce qu’elle réconcilie la marque, l’entreprise, les humains qui la font, et ceux qui la consomment. En tant que citoyens, nous exigerons des marques qu’elles jouent un rôle dans la société. En tant que communicants, qu’exigerons-nous de nous-mêmes pour contribuer à cette utilité ?