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Maxime Garrigues, directeur général de X-Prime, le rappelle à ceux qui se seraient laissé égarer: faire des objets, qui plus est connectés, n’est pas simple et, de l’idée à l’exécution, il y a du chemin.

Le mythe de l’objet connecté et du hardware plus généralement tend à nous faire croire qu’il est désormais très simple de mettre son produit sur le marché et de réussir à le commercialiser. La catégorie technologie de Kickstarter affiche d’ailleurs près de 19 000 projets ayant récolté la somme totale de 378,87 millions de dollars. Si l’on force le trait, voilà comment cela devrait se passer.

Vous avez une idée d’objet, une idée suffisamment pertinente pour qu’elle emporte l’adhésion de ceux à qui vous en parlez. Après une première phase de Power Point pour mieux formaliser votre idée, vous décidez de vous lancer dans la conception. Caractéristiques, fonctionnalités, design... votre idée se transforme peu à peu en un véritable objet. Pour produire les premiers exemplaires, vous vous rapprochez du fab lab le plus proche de chez vous et vous obtenez très rapidement votre premier Minimum Viable Product (MVP).

Satisfait de ce premier produit, vous décidez alors de vous faire financer par le biais d’une campagne de crowdfunding en vous appuyant sur une plateforme type Indiegogo ou Kickstarter. Pour cela, vous tournez une vidéo dans laquelle vous présentez votre idée, son exécution en produit et votre vision associée. Comme votre projet est vraiment pertinent, vous réussissez à convaincre quelques milliers de clients de vous payer d’avance afin de lancer la production de l’objet. Le projet a rencontré son public, vous avez des clients et suffisamment de fonds pour produire.

Tout va bien, vous voyez le bout du tunnel.

Les ennuis commencent

Et pourtant, la phase la plus compliquée va débuter. Jusqu’à présent, et malgré ce que vous pensez, vous n’avez fait que de la communication et du marketing. Vous avez été suffisamment bon pour convaincre des gens d’acheter un produit qui n’existe pas et votre MVP n’est rien d’autre qu’un objet publicitaire vous permettant de recruter. Rassurez-vous, c’est déjà une performance, car seuls 20,15% des projets de cette catégorie réussissent à atteindre ce stade…

Démarre donc la phase de production ou plutôt d’industrialisation. L’enjeu est bien de passer d’une production artisanale, «faite à la main» à une production de masse. Il va falloir pour cela commencer par repenser votre objet. Ce qui est possible lorsque l’on produit à l’unité ne l’est en effet plus forcément lorsque l’on rentre dans un processus de fabrication industrielle: gestion du temps, des coûts, de la qualité… les obstacles à résoudre sont nombreux. Je ne parle même pas des effets de bord associés tels que la gestion des relations avec les sous-traitants ou encore de la livraison. Aujourd’hui, il est impossible de savoir combien des 20% de projets financés arrivent réellement à terme.

Les acteurs du marché ne communiquent pas sur ce chiffre et c’est bien logique. Ils se présentent comme des plateformes de financement et ne sont pas responsables de l’exécution effective des projets dans lesquels leurs utilisateurs investissent. Pas question donc pour eux de communiquer à ce sujet, cela reviendrait à assumer une part de responsabilité.

Vous l’aurez compris, faire des objets, qui plus est connectés, n’est pas simple: «hardware is hard». De l’idée à l’exécution, il y a du chemin. Cet écueil de production n’est pas forcément une question de taille. Par exemple, les récentes difficultés de Jawbone qui a eu bien du mal à produire la dernière version de son bracelet UP3, mettant l’entreprise au plus mal financièrement.

Mais rassurez-vous, certains réussissent! Après avoir collecté en 2012, 1,2 millions de dollars en 12 heures grâce à 12 840 «backers» via Kickstarter, la start-up Lima a été financée par le fonds Partech Ventures à hauteur de 2,5 millions de dollars. Ce financement global lui a permis de mener avec succès l’industrialisation de son produit, et la jeune entreprise a annoncé le 20 juillet dernier le début des livraisons du produit, deux ans après le succès de son financement. Le temps et l’impatience des hommes n’est définitivement pas le temps des objets! 

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