La semaine dernière a commencé LE festival international de la pop culture numérique, SXSW. Prononcez South By Southwest (allusion à North By Northwest, titre original de La Mort aux trousses). Suivez #SXSW. A Austin, sur près de trois semaines s’enchaînent en fait trois festivals: Interactive, pour nous les geeks; Music; et le premier à avoir vu le jour en 1987, Film. J’y suis allé mais je n’y serai pas cette année.
Vous en avez forcément entendu parler. D’ailleurs notre équipe de France du numérique, la French Tech, avait décidé de rééditer son coup de maître du CES de janvier et s’est déplacée en masse. Que retenir de SXSW?
D’abord le californo-centrisme. Dans le numérique, le soleil se lève à l’ouest et quand on compte dans cette nouvelle jet set, on sort de la Bay Area (San Francisco et la Silicon Valley) pour aller dans le Texas en mars et dans le Nevada pour Burning Man fin août, mais pas plus loin. Les conférences Le Web à Paris, et encore mieux le Web Summit à Dublin cette année, sont de petites et très raisonnables exceptions.
Ensuite, le mélange. Le meilleur moment, c’est quand la horde de geeks – qui ne ressemble pas à grand-chose avec ses t-shirts de promotion de startups et ses sandales «normcore» – croise les actrices et acteurs du festival Film ou mieux, les filles couvertes de tatouages de yakuzas ou les garçons à barbes de ZZ Top du festival Music. Le numérique est bien la matrice de la pop culture de ce siècle, la revanche du nerd, et c’est la beauté de SXSW.
Le lieu, aussi. Austin, au Texas certes, est la ville la plus «libérale» (comprenez à gauche, vous êtes aux Etats-Unis) des 50 Etats. C’est aussi l'une des premières villes étudiantes du pays. Une des clés de la réussite du festival est la 6e Rue, cette artère principale de la ville bloquée à la circulation et qui offre sur un kilomètre un enchaînement de bars et de boites de nuit. Une porte ouvre sur un bar, qui renferme lui-même trois autres bars et autant de salles de concert où se produisent trois groupes au même moment. La ville est idéale pour ce festival qui alterne conférences, concerts, fêtes et événements sponsorisés.
L’organisation, bien sûr. Aller prendre son badge parmi 15 000 personnes est déjà une expérience mais le jeu de l’organisation des conférences est remarquable. Six mois avant le festival, l’appel à propositions est lancé et vous devez assurer la promotion de vos suggestions: seules les mieux considérées sur les réseaux sociaux seront retenues.
La hype, enfin. Toutes les start-up du monde se posent la question de lancer leur produit pendant SXSW. Et du coup, toute la communauté tech scrute ce qui se lance pendant SXSW. Cette année, il semblerait que ce soit Meerkat (une app de streaming vidéo live depuis votre smartphone à votre communauté Twitter… oui oui) qui soit au centre de l'attention. Mais pour être honnête, depuis le lancement météorique de Twitter en 2007 et un frémissement deux ans plus tard pour Foursquare, cette «chasse à la licorne» (du nom des start-up qui valent plus d’un milliard) est plus digne de Tartarin de Tarascon que de Vladimir Poutine.
Voilà, j’espère vous avoir évité trente heures d’avion et une ou deux gueules de bois: je ne sais jamais si on doit recommander ce genre de festival et si l’avenir n’est pas déjà ailleurs quand on arrive à en entendre parler… En plus, vous avez Twitter et Meerkat justement, et surtout réservez-vous pour une très belle édition de Futur en Seine cette année, dès le 11 juin, à la Gaîté lyrique, au Cnam et au Numa.