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La semaine dernière, dans le premier épisode de cette chronique sur la guerre des talents, Stéphane Distinguin, président de Fabernovel, soulignait combien la question du recrutement était devenue centrale. Or, et c’est le sujet de ce second volet, les offres d’emploi dans les entreprises en transformation numérique souffrent d’un défaut d’attractivité.

Dans l’épisode précédent, la guerre est déclarée et les cartes semblent bien mal distribuées. Mais dans un marché où la demande semble aussi démente -on estime rien que pour l’Europe à près d’un million les postes non pourvus en 2020 si on ne fait rien-, regardons l’offre.

 

L’urgence est triple: le chômage est massif, surtout chez les jeunes; aucune société avec un s minuscule ou capital ne peut se permettre de gaspiller cet énorme potentiel. Comment construire l’avenir sans la génération à laquelle il appartient? Par ailleurs, les entreprises traditionnelles, face à la crise, ne sont plus en mesure de recruter, et cela vaut d’abord pour les talents qui leur font défaut: c’est un frein évident à leur transformation. Enfin, dans un marché globalisé où tout le monde parle anglais, les meilleurs éléments sont appelés à aller voir ailleurs et s’y faire payer bien plus cher.

 

Alors que faire?

 

D’abord, former. Dès l’école et surtout dans tous les quartiers -l'exemple de Simplon.co essaimant sa «fabrique de codeurs» dans tous les territoires de l'Hexagone, urbains comme ruraux, en constitue une réponse exemplaire. Les initiatives sont nombreuses et on sait enfin faire oublier le plan Informatique pour tous avec des projets issus, c’est la beauté du numérique, d’enseignants, de passionnés… ou même d’entrepreneurs si l'on pense à la déjà fameuse Ecole 42 de Xavier Niel. Une annonce récente du président de la République d’une grande école du numérique, qui devrait être lancée dès septembre prochain, montre que le sujet est une priorité identifiée.

 

Mais la formation prendra du temps, et nous n’en avons pas. Le numérique dévore le monde, pour reprendre la phrase de Marc Andreessen… Une chose est sûre, il l'accélère.

 

Le grand enseignement du premier baromètre de l’emploi numérique que nous avons publié avec Cap Digital et Multiposting ne réside pas tant dans la nature des offres d’emploi, la croissance de la demande, ni même dans leur difficulté à se rencontrer. La surprise réside dans le défaut d’attractivité des offres.

 

J’en déduis que les entreprises, conscientes de leur besoin, sont aujourd’hui confrontées à plusieurs défis, qui font obstacle à leur développement, à leur «transformation numérique»: d’abord, la formulation des offres et la promotion des métiers; ensuite, l’identification des filières où se créent et se développent ces talents, également la volonté de former des personnes capables sans avoir encore acquis les compétences nécessaires; enfin, l’adaptation des grilles et des processus de recrutement à une population différente.

 

La première urgence de la transformation, c’est celle de trouver ses acteurs: devenir attractif pour les talents numériques, s’ouvrir à de nouveaux profils, de nouveaux parcours, adapter son organisation pour les accueillir et les nourrir.

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