Les New-Yorkais ont une passion: les chiens. Bien plus qu’une passion, c’est même devenu une industrie avec baby-sitters à chien, habits pour chien, eau à disposition dans les restaurants pour «invités» canins, et même centres aérés pour chien. Ici, les femmes poussent les mêmes cris quand elles croisent un chien que devant un bébé, et les hommes se retournent sur les chiens au bout des bras de leurs propriétaires féminines plutôt que de regarder les courbes des dites propriétaires.
Au début, je me suis dit qu’ils aimaient les animaux, d’un amour indéfectible dont seuls les enfants et Brigitte Bardot sont capables mais c’est pas si simple.
Comme j’ai longtemps pensé que le monde se divisait en deux et que la question «êtes-vous plutôt chat ou chien?» permettait de vérifier ma croyance, je me suis mise à poser la question aux Américains, pensant retrouver un ratio 50/50 équivalent à la France.
Et là, quelle ne fut pas ma surprise devant leur réaction quasi-unanime: j’ai donc appris que les chats étaient «méchants».
Méchants parce qu’ils ne font pas de câlins, qu'ils ne jouent pas, qu'ils vous regardent bizarrement, comme s’ils vous jugeaient. Alors qu’un chien, c’est votre «partner in life» (rien que ça); il est toujours là pour vous, il vous regarde avec les yeux de l’amour, il dépend de vous, bref il vous aime et ça, c’est tout ce qu’on veut ici: l’amour, ou plutôt l’affection.
Et moi, à assumer que j’étais plutôt chat, j’ai bien senti que tout à coup, j’étais mise dans le même panier que ces salauds de chats, un peu «mean», comme une vieille sorcière maléfique.
En gros, si vous êtes chat vous entrez doucement mais sûrement dans le club des «misfits» - caste sociale très importante aux Etats-Unis -, ceux dont on se moque au lycée, les rebelles, les bizarres, bref, tous ceux qui résistent comme ils peuvent à cette injonction au positif et qui osent parfois dire: je suis contre, je n’aime pas, je ne vais pas bien. Le chat, emblème de la résistance au storytelling américain!