La France a vécu trois jours de cauchemar. Le choc, la tristesse, la peur, le désarroi. L’extrême droite vient de gagner beaucoup de terrain. Allez voir les chiffres de la page Facebook de Marine Le Pen. C’est +700% de mentions «j’aime». Alors on se demande comment la France va s’en sortir. Je parle du socle commun culturel et de l’éducation à adapter pour permettre la cohésion sociale. Chacun voit midi à sa porte. J’accompagne 200 startups innovantes en France et je ne peux m’empêcher de faire le lien.
Valoriser les échecs et se tromper 100 fois pour réussir. Crier au désespoir d’une jeunesse perdue quand elle ne respecte pas la minute de silence? À l’adolescence, on a encore le droit d’être terriblement bête. Sortir des discours manichéens, écouter, comprendre, expliquer et donner de la matière pour qu’ils avancent avec leur libre-arbitre. Plus facile à dire qu’à faire. Ce métier n’est pas le plus beau du monde pour rien. Ma génération a été frustrée par des conseillers d’orientation sans ambition pour leurs élèves et un système scolaire sans empathie. L’Education nationale doit s’adapter à l’ère numérique: le savoir est disponible, on ne doit plus aller à l’école pour l’emmagasiner mais pour apprendre à apprendre, saisir des schémas de pensée, par le débat d’idées, la participation, la prise de position ainsi que la valorisation des autres et de soi.
Les haineux se révèlent à l’ère numérique mais ne comptent pas. #JeSuisCharlie, c’était 2 millions de tweets le deuxième jour de la tuerie; #JeNeSuisPasCharlie, 14 000. La différence avec hier, c’est qu’aujourd’hui vous les voyez apparaître sur votre mur Facebook. Ils ne représentent pas grand chose relativement au reste mais ils choquent. Et les «digital natives» comme les «start-upers» le savent, il ne sert à rien de s’attarder sur eux. Ce qui compte, ce sont les débats d’idées qui cumulent le plus de lecteurs, qui suscitent des échanges nourris par des leaders d’opinion suivis. La force de la multitude et de la transparence d’internet met à mal les raisonnements boîteux.
Satire ou recherche de sens. Mai 68 ou 3G. Le clash de nos générations. Il ne faudrait pas pour autant ignorer les voix révoltées qui n’adhèrent pas au rassemblement national si on veut sortir du marasme. Ceux qui dirigent la France aujourd’hui sont des héritiers de Mai 68, combattant pour la liberté d’expression, l’émancipation face à la religion, la liberté sexuelle. Le symptôme de ma génération est plutôt la quête de sens. Plus que jamais, chacun cherche son combat pour une cause qu’il estime être le bien. Si je ne trouve pas ma place dans la société, je me crée ma place ailleurs. Certains montent des start-up, d’autres partent en Syrie. On veut tous changer le monde. Sauf que certains se sont trompés, et dans ce cas, se tromper c’est tragique. Ils sont responsables mais on les a laissés se tromper.
Chaque semaine, dans la nouvelle chronique Tech it easy, Alice Zagury, cofondatrice de The Family, analyse pour Stratégies l'univers des start-up. Aujourd'hui: après l'attentat contre Charlie hebdo et la prise d'otages de la porte de Vincennes, l'effort doit porter sur l'éducation et la cohésion sociale. Le numérique peut aider.
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