Géraldine Muhlmann a dit en peu de mots l’essentiel. Invitée le 27 septembre de C ce soir, sur France 5, la politologue pointe des débats-pugilat sur les chaînes d’info en observant que la nouveauté vient de ce que l’obsession identitaire aboutit à « ce qu’on n’arrive même plus à se mettre d’accord sur des faits, à nous raconter un monde à peu près commun ». Selon elle, c’est le rôle des reporters de « réguler les opinions » en rapportant les faits à partir desquels on peut débattre. Or le reportage est de moins en moins présent dans des émissions de plateau - moins coûteuses - alors que l’enquête a tout bonnement disparu de Canal+. Ce faisant, Éric Zemmour tord les chiffres de la vérité pour expliquer que Pétain a épargné les Juifs français, que les femmes n’entrent plus dans les cafés à Sevran ou que la France sera « à moitié islamique en 2050 ». Qui pour le contredire ? Les médias ont déployé depuis longtemps le fact checking. Ils usent aussi du débatteur. Sur BFMTV, ce fut le rôle d’un tribun chevronné, Jean-Luc Mélenchon. Mais une analyse sur Twitter de ce débat par Visibrain en atteste : c’est toujours Zemmour qui fait réagir (à 62 %). Et lui qui impose ses thématiques comme son agenda. Pourtant, la place de l’Islam et l’immigration ne sont qu’à la dixième et treizième place des inquiétudes des Français, selon un sondage Harris Interactive pour Challenges. À quand des reportages pour reprendre le pouls de la France ?