Quand la dernière sortie médiatique d’une ministre semble tout droit issue du Gorafi, c’est que quelque chose ne tourne pas rond. À braire ces derniers jours que « l’islamo-gauchisme gangrène » l’université et en annonçant le plus sérieusement du monde confier au CNRS une « étude scientifique » sur le sujet, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, a fait fort. La réaction de nombreux enseignants-chercheurs, évoquant des propos « diffamatoires », ne s’est pas fait attendre, plus de 600 d’entre eux appelant à sa démission. Depuis, sur un terrain pourtant marécageux au possible, les réactions à la truelle s’enchaînent sur les réseaux sociaux comme dans les sphères politiques et la « polémique » - terme consacré s’il en est - fait l’objet d’une large couverture de la part des médias… Au-delà du calcul électoraliste ou du simple effet de contrefeu recherché - les deux à la fois ? -, la morale de l’histoire est sans équivoque. Le pays a bien d’autres priorités actuellement que de s’écharper sur la définition de l’islamo-gauchisme et la teneur de cette réalité au sein du système universitaire. Non pas que le sujet soit tabou ou ne vaille pas attention. Simplement, le débat public mérite mieux que des caricatures.