Dans Ce pays que tu ne connais pas (éd. Les Arènes), François Ruffin dit « rêver à un président reporter, un président sociologue, qui à l’occasion, comme Henri IV (il paraît), se grimerait, revêtirait sa capuche, descendrait incognito à la taverne pour écouter les habitants ». Emmanuel Macron n’est pas loin de l’avoir écouté lorsque, le 18 février, il a accompagné le Samu social, en jean et blouson, dans les rues de Paris. On le découvre penché devant une tente sur des photos en apparence volées de la photographe de l’Élysée, Soazig de la Moissonnière. Si l’entreprise de communication vise à rapprocher le président des Français pauvres – après les 14 heures passées au Salon de l’agriculture – et à faire oublier une promesse non tenue de ne plus voir un sans abri dans la rue, cette séquence sonne faux. Au point qu’il était difficile de ne pas y voir (à tort) une fake news sur les réseaux sociaux. Car les Français qui soutiennent les associations d’aide aux déshérités le savent bien : ce qui compte, ce qui est central dans le don, c’est l’élan du cœur. La présence de la photographe officielle a sans doute eu l’effet inverse à celui qui était recherché : instiller le soupçon d’une commisération fabriquée, insincère, d’un président… des riches.