Faut-il durcir la loi Evin? A l'approche de l'examen, ce printemps au Parlement, d'une loi reflétant, pour la première fois, une «stratégie nationale de santé» du gouvernement, la question refait surface (lire page 20). Le débat, qui concerne très directement l'économie du marketing et des médias, promet d'être passionné.

Les lobbys travaillent dans l'ombre, élaborant des «stratégies d'influence», pour reprendre l'expression à la mode dans l'univers des relations publics (lire notre dossier page 35).

La création par le gouvernement d'un groupe de travail sur les conditions de promotion de l'alcool et du tabac s'inscrit dans ce cadre. Le propos de la présidente de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie parlant, récemment, d'«étudier les possibilités de faire mieux appliquer le droit existant, voire proposer des évolutions de ce droit», donne le ton du côté des pouvoirs publics.

Présentant sa «stratégie nationale de santé» en septembre 2013, Marisol Touraine avait fait de la lutte contre les addictions une priorité. «Le tabac tue 73 000 personnes par an et l'alcool près de 50 000», avait rappelé la ministre des Affaires sociales et de la Santé.

Les professionnels de santé dénoncent régulièrement les manœuvres de contournement des industriels du tabac et surtout de l'alcool. C'était déjà le cas dans les mois qui avaient suivi l'adoption de loi Evin, en janvier 1991. Vingt-trois ans ont passé depuis le vote de ce texte relatif à la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme. En 2009, avec la loi Bachelot, les pouvoirs publics l'ont adapté aux nouvelles technologies. Cette mise à jour se révèle aujourd'hui insuffisante.

Au jeu du gendarme et du voleur, qui s'étonnera que le législateur veuille donner au juge les moyens de rester dans la partie?

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