On connaîtra assez vite les modalités précises de l'accord entre Claude Perdriel et les trois propriétaires du Monde pour la vente du Nouvel Observateur. Mais l'essentiel n'est pas là. Cette opération – si elle aboutit, ce qu'il faut souhaiter – s'inscrit dans un mouvement de consolidation du paysage de la presse d'information générale en France.
Un mouvement indispensable car ce secteur est notoirement sous-capitalisé. Et ce qui a permis à cet édifice de tenir vaille que vaille depuis des décennies, cet entrelacs de subventions publiques, de conditions préférentielles diverses, de cogestion et on en passe, tout cela menace de disparaître sous nos yeux, sur fond de mutations technologiques.
«La presse vit un crash industriel, c'est la sidérurgie des années 1980», a récemment lancé Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif. Pensait-il à Libération, dont l'avenir se joue en partie des jours-ci? Ou au Nouvel Observateur, dont Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse vont prendre le contrôle (65%) pour… 13,4 millions d'euros?
Cette valorisation minuscule dit bien la dureté des temps pour la presse écrite – disons désormais: la presse imprimée – et, en l'espèce, pour Le Nouvel Observateur. Or, il faut absolument que cette magnifique aventure de presse se poursuive. Alors autant sans doute que cela soit avec Le Monde plutôt qu'avec un autre.
On souscrit aux propos d'Aurélie Filippetti, quand la ministre de la Culture et de la Communication note que «c'est une bonne nouvelle pour ce journal». Entre Le Nouvel Observateur et Le Monde, ces deux pôles de la presse de gauche libérale, le cousinage est réel. Ce n'est d'ailleurs pas d'aujourd'hui que ces deux entreprises s'approchent, se soupèsent, se jaugent.
Après bien des années, nécessité finit par faire loi. Tant mieux.