Quel sera le premier grand quotidien à cesser toute diffusion papier? The Guardian, souvent cité comme un modèle d'écosystème dans l'information en ligne? The Washington Post, racheté par Jeff Bezos cet été? En France, Le Monde, qui accélère le rapprochement de ses rédactions print et Web? Certains experts parient sur le Financial Times, fringant vieillard qui fêtera ses 126 ans au début de l'année prochaine.
Ce serait assurément un choc mais une très bonne nouvelle aussi puisque le quotidien des affaires ne ferait pas le grand saut le dos au mur, mais au contraire en pleine forme. Pour le FT, tout est prêt en vérité: une audience mondialisée et à hauts revenus, une technologie qui ouvre le champ des possibles, un nouveau modèle économique qui a largement passé le stade du rodage.
Y aura-t-il des journaux imprimés dans dix ans? Jean Hornain, le directeur général du Parisien-Aujourd'hui en France, a résumé l'état d'esprit général dans l'Hexagone quand il a répondu, au cours de la conférence «L'Assemblée des médias» début décembre, qu'il allait s'écouler «pas mal de temps» avant que Le Parisien ne soit plus imprimé, mais que «notre avenir, de tout façon, est digital». Pas mal de temps, oui, mais peut-être moins que ce que la formule laisse accroire.
Pourtant, près d'un an après son passage au tout numérique, Newsweek, remarquable représentant du monde d'avant – les plus jeunes ne peuvent s'imaginer l'aura de ce news magazine au dernier quart du XXe siècle –, vient d'annoncer un retour au papier…
A quoi reconnaît-on une crise? Peut-être, comme dit l'autre, à ce que le monde qui meurt ne veut pas laisser naître le monde qui vient.