Y a-t-il quelque chose de pourri au royaume de l'autorégulation à la française? La question agite sérieusement le landerneau (lire pages 7 et 20). On aurait tort de lire les deux récentes interdictions de publicités – la mutuelle Smerep et les chips Lay's – avec les seules lunettes du (bon ou mauvais) goût. Elles posent la question du fonctionnement de l'autorégulation de la publicité dans notre pays. Et donc de l'instance chargée de l'organiser, l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP).
Quand en 2008, l'ex-Bureau de vérification de la publicité (BVP) lui a cédé la place, ce ne fut pas qu'un changement de nom. Depuis lors en effet, la «société civile» participe pleinement à la délibération et à la décision. Entre une autorégulation «ouverte» et une régulation prise en charge par les pouvoirs publics, les professionnels – annonceurs, agences et médias – ont choisi.
Cela s'est traduit par la mise en place de trois «instances associées»: Conseil paritaire de la publicité, Conseil de l'éthique publicitaire et Jury de déontologie publicitaire (JDP), qui a pour mission de «statuer sur les plaintes du public à l'encontre de publicités diffusées». C'est par ce dernier que la coupe déjà pleine est en train de déborder et ce n'est sans doute pas un hasard.
Car au contraire des deux autres structures susnommées, le JDP se distingue en ce qu'il ne compte parmi ses membres aucun représentant des professionnels directement concernés. Des magistrats, des enseignants, un médecin, un journaliste, mais pas un publicitaire, un annonceur ou un éditeur. Baroque! Oui. Comme l'a demandé dans ces colonnes le président de l'Association des agences-conseils en communication (AACC), il est temps de réformer le JDP. Pour sauvegarder une autorégulation acceptée par les parties prenantes.