Il y a un mois, les professionnels du cinéma profitaient du Festival international du film pour plaider la cause de l'exception culturelle. D'un festival l'autre: la «planète pub» a rendez-vous sur la Croisette jusqu'au 22 juin (lire page 8) et, hasard du calendrier, le Festival international de la créativité, soixantième du nom, s'est ouvert dimanche 15 juin au moment où la France obtenait de ses partenaires européens que le secteur de l'audiovisuel et du cinéma soit exclu du mandat de négociations commerciales avec les Etats-Unis.

C'est une «victoire de la France», a réagi la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, sur Twitter. «C'est un succès pour la diversité culturelle partout en Europe», a ajouté la Rue de Valois dans un communiqué. Prudence tout de même: si les Vingt-Sept ont accédé aux demandes de la France, le compromis final prévoit que l'audiovisuel pourra être ajouté «plus tard» dans le mandat de négociations, a indiqué le commissaire européen en charge du Commerce. Mais l'on sait que Paris mettrait son veto…

Et si cette «victoire» saluée par les milieux culturels et audiovisuels – des «réactionnaires», selon le rugueux José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne – était une victoire à la Pyrrhus? Une monnaie d'échange? La culture doit-elle, peut-elle échapper à la «Grande Dérégulation»? Son destin est-il celui d'une marchandise (comme les autres)? Et la publicité et le marketing? Peuvent-ils rester à l'écart de ces débats? Sont-ils le cheval de Troie qui fera céder le fortin culturel? Souhaitons qu'entre deux séances de projection du meilleur de la publicité mondiale, les festivaliers cannois trouvent le temps d'y réfléchir…

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