A l'heure où s'ébauchent les futures lois sur l'audiovisuel et l'acte 2 de l'exception culturelle, il n'est pas inintéressant de s'arrêter sur une des vraies (et rares) réussites du paysage audiovisuel français: Plus belle la vie, un «french paradox» auquel nous consacrons une enquête fouillée cette semaine. Paradoxe en effet car voilà une série à la fois très française, franchouillarde peut-être, un poil ringarde et «beauf» pourquoi pas, et très américaine par ses processus d'écriture «toyotisés», extrêmement codifiés, et ses techniques commerciales plus poussées que dans n'importe quel autre programme de fiction télévisée en France.

Un programme qui est une impressionnante réussite. Chaque jour, Plus belle la vie est en effet regardée par quelque 5 millions de téléspectateurs: l'équivalent d'un PSG-OM quotidien! Ce feuilleton contribue entre 0,3 et 0,4 à la part d'audience totale de France 3; sans lui, la chaîne serait sous la barre des 9%. Elle verse chaque année à son producteur Telfrance 24 millions d'euros pour diffuser une série que bien d'autres chaînes aimeraient lui ravir. A Marseille, enfin, où elle est tournée, chaque euro investi par la production se transforme en huit euros de retombées directes et indirectes.

Les chiffres ne disent pas tout. Objet de travaux et de publications universitaires, Plus belle la vie est une histoire française par son ancrage dans l'humus hexagonal, mais aussi dans l'actualité du moment (deux versions avaient, par exemple, été tournées lors du dernier round de l'élection présidentielle). C'est l'exemple type d'un programme immersif suivi par un public composite, une sorte de France en réduction. Et si Plus belle la vie, singulière enfin par sa longévité (bientôt dix ans), était aussi là pour nous rassurer?

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