Après la chaîne de télévision de trop, le quotidien gratuit de trop? La question n'est pas que pure rhétorique; elle est légitime et, pour tout dire, de bon sens eu égard au modèle économique de ces entreprises et à l'évolution du marché publicitaire . Metro, 20 Minutes et Direct Matin n'ont bien sûr pas dit leur dernier mot. Seulement un sur trois (20 Minutes) gagne de l'argent. Mais tous les quotidiens payants sont-ils rentables? On sait que non.
Dans cette crise, les trois quotidiens gratuits sont, comme les autres, conduits, contraints même, à innover. Crise = innovation. Un axiome dont on prendra le parti de se féliciter. Leurs stratégies ne sont pas tout à fait identiques mais toutes visent un objectif: tisser plus étroit le fil de la relation avec leur audience, avec leurs consommateurs.
Internet et la nouvelle mobilité sont au cœur de ces stratégies que tous les journaux, qu'ils soient gratuits ou payants, se doivent de considérer aujourd'hui. Les outils marketing fondés sur l'open data des transporteurs, par exemple, peuvent permettre d'optimiser la diffusion.
Et le marketing de rue, les opérations spéciales, les déclinaisons de marque, les partenariats commerciaux sont autant de cordes à leur arc pour faire de ces journaux gratuits ce pour quoi, peut-être, au fond, ils sont vraiment faits: être, selon la formule de l'un d'eux, «des partenaires marketing de référence pour toucher le consommateur actif urbain de 15 à 49 ans».
Il est trop tôt pour savoir si, pour les trois quotidiens gratuits, ces stratégies anticrise s'avéreront... payantes. Et surtout, cela n'épuise pas la question de savoir si l'un d'entre eux va disparaître. Mais au fait: qui peut assurer que ce ne sera pas, encore une fois, un quotidien payant qui rejoindra d'abord l'effrayant cimetière des journaux?